Alors que le marché de la défense commence à perdre de l'altitude, Bell Helicopter investit massivement dans le secteur commercial. Cela se traduira par l'embauche de près d'une centaine d'ingénieurs à son usine de Mirabel au cours des trois prochaines années.

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«Mirabel est notre centre d'excellence pour l'assemblage et les essais des hélicoptères commerciaux, a souligné le grand patron de Bell Helicopter Textron, John Garrison, au cours d'une entrevue avec La Presse Affaires à l'usine de Mirabel. Nous rivalisons sur un marché mondial. Nous pensons que Mirabel peut tirer son épingle du jeu et pour démontrer notre confiance, nous investissons dans nos produits et dans nos ressources en ingénierie. Nous sommes persuadés que cette opération nous amènera là où nous voulons aller, c'est-à-dire reprendre des parts de marché que nous avons perdues avec le temps.»

Le président et chef de la direction de Bell Helicopter Textron est établi à Fort Worth, au Texas, où se concentre le secteur militaire de Bell Helicopter. L'entreprise a beaucoup investi dans ce secteur au cours des dernières années, notamment avec la mise au point d'appareils comme le V-22, qui peut voler comme un hélicoptère et comme un avion. Ces grands programmes de développement sont toutefois sur le point de se terminer et l'industrie s'attend à ce que les budgets de la défense de plusieurs gouvernements, notamment celui des États-Unis, diminuent au cours des prochaines années.

Du côté commercial, le marché est encore morose, mais il devrait reprendre son essor en 2012 et au cours des années suivantes. Dans ce secteur, Bell Helicopter a perdu beaucoup de terrain face à ses grands concurrents Eurocopter et AgustaWestland au cours des dernières années. En 2010, la part de marché de Bell s'est située à 12%, derrière AgustaWestland, à 19%, et loin derrière Eurocopter, à 56%.

Pour reprendre le terrain perdu, Bell Helicopter a renforcé son équipe de vente et a entrepris d'investir dans ses produits commerciaux.

»Défis extraordinaires»

«Nous augmenterons nos dépenses en ingénierie de 50% au cours des 5 prochaines années», a soutenu M. Garrison.

Les activités de recherche et développement se feront en partie au Texas, pour tirer avantage des ressources libérées par le secteur militaire, et en partie à Mirabel.

«Au cours des trois prochaines années, les besoins en ingénieurs à Mirabel devraient se situer dans les deux chiffres, près des trois chiffres,» a indiqué le président de Bell Helicopter Textron Canada, Barry Kohler.

À l'heure actuelle, l'usine de Mirabel compte 1800 employés, dont 400 à 450 ingénieurs. Le recrutement de nouveaux ingénieurs pose un défi particulier: avec la mise au point de la CSeries et du Learjet 85, Bombardier a également besoin de nombreux ingénieurs. Bell Helicopter devra donc faire valoir ses avantages particuliers pour attirer des candidats.

«Les défis techniques des hélicoptères sont extraordinaires, ce qui devrait attirer les ingénieurs qui aiment ce genre de défis, a déclaré M. Garrison. Quand avez-vous vu un avion voler par en arrière? Ou de côté? Notre équipement est parmi les plus sophistiqués du monde.»

Bell Helicopter compte notamment sur le Bell 429, son plus récent modèle, pour reprendre des parts de marché. Certifié en 2009, cet appareil, qui peut transporter sept passagers, connaît déjà beaucoup de succès.

«Il nous permet d'entrer dans des marchés où nous ne pouvions pas présenter un produit compétitif, a affirmé M. Garrison. Le 429 nous permet notamment d'être concurrentiels en Europe, où nos parts de marché sont inacceptables.»

Bell Helicopter a notamment acquis une entreprise de maintenance à Prague «pour envoyer un signal clair qu'(il veut) être de la course».

Au début de mars, le fabricant a lancé deux nouvelles versions de son modèle 407, l'une dotée d'instruments à la fine pointe de la technologie dans la cabine de pilotage, l'autre équipée d'une mitrailleuse et d'un lance-roquette pour le marché des services de maintien de l'ordre.

Bell Helicopter planche sur d'autres projets, mais M. Garrison ne veut fournir aucun détail pour l'instant.

«Nous travaillons avec des conseils consultatifs composés de clients pour savoir ce qu'ils veulent maintenant, et ce dont ils auront besoin dans 5, 10 ou 15 ans, a-t-il indiqué. Nous analysons cela, nous en tenons compte dans nos programmes de développement. Lorsque les produits seront prêts, nous les annoncerons. Au lieu de dire: voici ce que nous allons faire, nous dirons: voici ce que nous avons fait.»