Depuis peu, le Canadien National subit une véritable cure de rajeunissement. Le CN n'a pas le choix. Il doit recruter près de 2000 personnes par année pour remplacer les employés qui partent à la retraite.

«Ça va changer complètement notre démographie, a déclaré le président et chef de la direction du CN [[|ticker sym='T.CNR'|]], Claude Mongeau, au cours d'une entrevue avec La Presse Affaire au siège social de la société, au centre-ville de Montréal. On va passer d'une démographie très concentrée, avec des gens qui ont beaucoup d'expérience et qui ont en moyenne 50 ans d'âge, à des effectifs plus jeunes.»

M. Mongeau a rappelé qu'après sa privatisation, en 1995, le CN avait connu une intense période restructuration qui avait fait fondre ses effectifs. Tous les gens qui étaient près de la retraite étaient partis, il n'y avait pas eu d'embauches pendant plusieurs années.

«La courbe démographique est très concentrée, a indiqué M. Mongeau. Et maintenant, plusieurs de ces employés arrivent chaque année au moment de la retraite. Nous connaissons une attrition de huit à neuf pour cent par année. Ce sont 2000 personnes qui partent chaque année.»

Il a noté que la plupart de ces employés étaient à l'emploi du CN à l'époque où il s'agissait d'une société de la Couronne. Les nouveaux venus se joignent à une entreprise privée en plein élan.

«Le transfert des connaissances constitue un défi, mais en même temps, on amène une nouvelle génération avec une nouvelle énergie, a-t-il déclaré. Si on les intègre bien, si on facilite le transfert de connaissance, c'est une occasion d'accélérer notre élan.»

Le recrutement va bon train.

«Ce sont des emplois bien payés, nous n'avons pas de difficultés à avoir des candidats intéressés, a affirmé M. Mongeau. C'est une entreprise qui a le vent dans les voiles, sa transformation est assez remarquable. Il y a de quoi être fier de se joindre à une entreprise comme celle-là.»

À l'heure actuelle, le CN compte un peu plus de 22 000 employés, distribués à peu près également entre l'ouest canadien, l'est canadien et les États-Unis. Environ 2500 personnes travaillent au siège social, ce qui en fait un des plus gros employeurs de Montréal. Il y a une forte attrition au siège social, mais elle n'est pas aussi élevée que dans le reste du réseau.

Dans certains secteurs, où il est possible de réaliser des gains de productivité, le CN ne comble pas nécessairement chaque poste vacant.

«C'est plus facile de ne pas remplacer un départ que de licencier des gens», a noté M. Mongeau.

Dans d'autres cas, comme pour les ingénieurs de locomotive et les chefs de train, le CN n'a pas le choix et remplace chaque départ.

Le CN a signé récemment des conventions collectives avec deux groupes d'employés: les chefs de trains l'automne dernier, les employés cléricaux et les employés des ateliers mécaniques cet hiver. Les négociations avec les ingénieurs de locomotive commenceront cet automne. En fait, le CN est continuellement en négociations avec un groupe ou l'autre de ses employés.

«Nous avons plus d'une centaine de conventions collectives aux États-Unis, a indiqué M. Mongeau. Au Canada, nous en avons plus d'une quinzaine. Il y en a toujours une qui vient à échéance.»

Le CN a beaucoup de conventions collectives aux États-Unis en raison des différentes acquisitions qu'il a effectuées au cours des années.

«Ce n'est pas si complexe que ça, a soutenu le grand patron du CN. Les grandes lignes des conventions collectives sont très similaires, ce sont les aspects locaux qui varient.»

À une époque où la syndicalisation inquiète plusieurs entreprises, M. Mongeau se fait philosophe.

«Nous vivons avec ça depuis 100 ans, a-t-il déclaré. Nous sommes habitués.»

Le transport ferroviaire est une industrie mature, mais cela n'empêche pas le CN de viser la croissance, notamment en grugeant les parts de marché du camionnage. À l'heure actuelle, les camions sont très compétitifs sur des distances de 750 kilomètres et moins. Avec la hausse des prix de l'essence, la congestion routière et les préoccupations environnentales, cette zone pourrait un jour rétrécir jusqu'à 500 kilomètres.

«La beauté de ça, c'est que 500 kilomètres, c'est Montréal-Toronto», a souligné M. Mongeau.

Le CN compte également sur l'amélioration de son service pour rendre accessibles de nouveaux marchés à ses clients et accroître ici son propre volume d'affaires.

«Notre objectif, c'est de croître un peu plus vite que l'économie», a lancé le président du CN.