La vigueur du huard pourrait inciter les entreprises canadiennes à procéder à davantage d'acquisitions outre-frontière.

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«Un dollar canadien fort, c'est un désavantage pour une société exportatrice lorsqu'on considère les revenus, a rappelé Mario Longpré, responsable du groupe Aérospatiale et défense de PricewaterhouseCoopers (PwC) pour le Canada, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires hier. Mais c'est un avantage lorsqu'on veut faire des investissements à l'étranger. Les années 2011 et 2012 s'annoncent intéressantes en ce qui a trait aux acquisitions.»

Déjà, l'année 2010 a été beaucoup plus active que l'année précédente à l'échelle mondiale, a fait savoir PwC dans un rapport sur les activités de fusion et acquisition dans l'industrie de la défense et de l'aérospatiale.

Le nombre de transactions n'a pas vraiment changé, passant de 296 en 2009 à 308 en 2010. Par contre, la valeur des transactions a pratiquement doublé, passant de 10,9 milliards US à 20,2 milliards US. Le nombre de gigantesques transactions de plus de 1 milliard US a aussi doublé: il y en a eu deux en 2009 et quatre en 2010.

Une entreprise québécoise, CGI, a réalisé la sixième transaction en importance du monde de la défense et de l'aérospatiale en 2010 en faisant l'acquisition de la société américaine Stanley pour 940 millions US. Stanley se spécialise notamment dans la cybersécurité dans le domaine de la défense. Cette transaction illustre une tendance dans le domaine.

«C'est stratégique, a affirmé M. Longpré. Les gens veulent se positionner. On a beaucoup entendu parler récemment de cyberattaques. C'est de plus en plus important lorsqu'on parle de défense.»

Le resserrement des budgets militaires de plusieurs pays développés constitue un autre élément qui aura un effet sur les transactions. Pour arriver à croître, les entreprises devront chercher à acquérir des sociétés spécialisées dans des secteurs porteurs d'avenir, comme les véhicules téléguidés, et se défaire des divisions qui présentent moins de promesses, a avancé PwC dans son rapport. C'est ainsi qu'en 2011, Northrop Grumman pourrait se départir de sa division de construction navale.

Il ne devrait pas y avoir de consolidation majeure chez les géants de la défense parce que cela pourrait réduire de façon trop importante la concurrence du secteur. Par contre, la fièvre de la consolidation pourrait atteindre les fournisseurs.

Selon PwC, deux facteurs pourraient jouer un rôle dans les transactions du côté de l'aviation commerciale: la reprise solide que connaît ce secteur et l'importance grandissante de la Chine.

M. Longpré a rappelé que, pendant la crise, les entreprises avaient fait preuve de prudence et conservé des liquidités pour faire face aux jours difficiles.

«Il y a moins d'incertitude dans le marché maintenant, les gens sont plus enclins à utiliser les sommes accumulés», a-t-il déclaré.

Il a noté qu'il y avait eu des acquisitions intéressantes du côté de l'industrie aéronautique québécoise en 2010, notamment de la part de CAE et d'Héroux-Devtek, mais que, dans la plupart des cas, il s'agissait de petites transactions.

«Les grands acteurs attendaient que ça se stabilise», a-t-il déclaré.

Enfin, la Chine représente autant une menace qu'une grande possibilité.

«Ils mettent en place une infrastructure, des aéroports, ça prend forme, a noté M. Longpré. C'est un marché qui ne peut pas être mis de côté. Il y a différentes façons d'y avoir accès, que ce soit par une entreprise commune, une prise de participation minoritaire ou l'octroi de sous-contrats.»