Le groupe d'aéronautique et de défense européen EADS ne va pas contester le choix porté sur son rival Boeing dans l'appel d'offre pour renouveler la flotte de ravitailleurs de l'armée de l'air américaine, a affirmé vendredi le président d'EADS North America Ralph Crosby.

En abandonnant l'ultime recours, le groupe européen met fin à une bataille qui aura duré près de dix ans pour l'attribution de ce méga-contrat évalué à environ 35 milliards de dollars, une procédure entachée de scandales et d'irrégularités.

«EADS a décidé de ne pas contester la décision» du Pentagone, a indiqué M. Crosby lors d'une conférence de presse à Washington.

«Il est temps de placer en premier l'intérêt des combattants» et celui des contribuables américains, «donc nous nous retirons», a-t-il justifié, même si son groupe est «bien sûr déçu».

L'issue de l'appel d'offres a été «déterminée par le prix», et l'avion de Boeing était moins cher, a noté M. Crosby, estimant que «le ravitailleur présentant les meilleures capacités n'avait pas été sélectionné».

L'avion proposé par Boeing «est un simple remplacement» des ravitailleurs existants, et celui d'EADS «une modernisation», a-t-il ajouté, précisant que son groupe avait fait une offre «très offensive et rationnelle».

«Nous avons fait de notre mieux» a renchéri Sean O'Keefe, le directeur général d'EADS North America.

«Nous nous tenons prêts avec un système pleinement opérationnel si (Boeing) ne parvient pas» à livrer les ravitailleurs en temps et en heure, a affirmé M. Crosby, allusion aux retards de production qui plombent les nouveaux programmes d'aviation civile de Boeing.

Le Pentagone a annoncé sa décision le 24 février. EADS disposait de dix jours pour annoncer son intention de faire appel ou non.

Les dirigeants d'EADS ont expliqué que, lors du premier appel d'offres pour ce contrat, en 2002, Boeing avait proposé un prix de 48 milliards de dollars.

En 2008, lors du deuxième appel d'offres, Boeing avait fait une offre à 42 milliards de dollars et EADS à 38,5 milliards.

Enfin, pour la dernière étape, entamée il y a un an mais clôturée il y a quelques semaines, Boeing a fait une offre à 31,5 milliards de dollars et EADS à 35 milliards de dollars.

M. O'Keefe a souligné qu'EADS avait désormais le statut d'un fournisseur potentiel «pleinement qualifié» pour les contrats de défense américains, et que son groupe avait acquis au cours de ce concours une «meilleure capacité à participer aux compétitions» pour ces contrats.