L'importante commande de 2,8 milliards pour des appareils Global annoncée mardi soir par Bombardier laisse présager des jours meilleurs pour l'industrie de l'avion d'affaires, pour les employés de Bombardier et pour les actionnaires de l'entreprise.

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Le titre de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] a littéralement décollé hier à la Bourse de Toronto, gagnant 46 cents pour clôturer à 6,60 dollars, un bond de 7,5%.

Les analystes financiers ont salué la transaction, «une belle surprise», selon Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins.

NetJets, une filiale de la société de Warren Buffett Berkshire Hathaway, a commandé 50 biréacteurs de la famille Global de Bombardier. Cette commande ferme d'une valeur de 2,8 milliards de dollars, aux prix courants, comprend 30 biréacteurs Global XRS et Global 5000, et 20 biréacteurs Global 7000 et Global 8000. Ces deux derniers n'existent pas encore. Ce sont de luxueux appareils de catégorie très long courrier que Bombardier a lancés l'automne dernier à l'occasion du congrès de la National Business Aviation Association.

Il s'agit de la plus importante commande ferme enregistrée par Bombardier dans le domaine de l'aviation d'affaires.

Le contrat comprend en outre des options sur 70 appareils supplémentaires. Si ces options devaient être exercées, la valeur du contrat pourrait alors dépasser 6,7 milliards de dollars.

«Cette commande constitue une preuve additionnelle, significative, de la force de la famille Global de Bombardier», a indiqué l'analyste Chris Murray, de PI Financia.

NetJets, un programme d'avions en multipropriété, n'avait jamais commandé d'appareils de Bombardier, notamment parce que l'avionneur possédait son propre programme d'avions en multipropriété, Flexjet. Pour renforcer sa flotte, NetJets aurait pu se tourner du côté de Gulfstream ou de Dassault, des fournisseurs de longue date.

«C'est une bonne nouvelle que NetJets ait choisi le Global, a déclaré le président et chef de la direction de Bombardier Pierre Bombardier, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. Ils ont comparé les appareils dans cette catégorie, ils ont choisi ce qu'ils considéraient le meilleur appareil au point de vue de l'intérieur de la cabine, de la performance et des capacités.»

L'analyste Fadi Chamoun, de Marchés des capitaux BMO, a affirmé que la commande de NetJets venait valider la stratégie de Bombardier et sa décision de lancer le Global 7000 et le Global 8000.

«NetJets est une compagnie qui a beaucoup de succès, qui est crédible, a souligné M. Beaudoin. Le fait qu'elle commande ces deux appareils va nous aider à convaincre nos clients qu'il s'agit d'un appareil de choix pour le long terme.»

L'analyste Cameron Doerksen, de la Financière Banque Nationale, a toutefois rappelé que les clients qui passaient de grosses commandes bénéficiaient souvent de rabais. La marge serait donc un peu plus faible que pour les appareils Global commandés un par un. Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, a toutefois insisté sur le message positif envoyé aux clients potentiels.

«En outre, Bombardier devrait pouvoir négocier de meilleurs prix dans l'avenir en raison du renforcement de son carnet de commande, a-t-il ajouté, précisant qu'une commande pour 50 appareils Global représentait une année de production.

L'assemblage du Global XRS et du Global 5000 s'effectue à Toronto alors que leur finition se fait à Montréal. M. Beaudoin a rappelé que l'usine de Bombardier à Saint-Laurent fabriquait le poste de pilotage.

«Cela représente beaucoup de travail, parce que c'est compliqué, un poste de pilotage», a-t-il souligné.

Il a indiqué que Bombardier n'avait pas encore décidé si elle allait augmenter la cadence de production du Global XRS et du Global 5000.

«Nous ne sommes pas encore rendus à cette étape, a-t-il déclaré. Nous voulons construire notre carnet de commande. Si la tendance se maintient, nous aurons l'opportunité de prendre cette décision.»

Bombardier n'a pas non plus décidé du site d'assemblage et de finition du Global 7000 et du Global 8000.

Montréal et Toronto

«Nous sommes au début du développement, nous mettons l'équipe en place, il faut faire une étape à la fois», a-t-il déclaré, indiquant toutefois que Montréal et Toronto se partageaient la conception des appareils.

«Cette commande, c'est une bonne nouvelle pour les employés et pour les actionnes, et ça positionne Bombardier, qui était déjà un leader dans l'aviation d'affaires», a affirmé M. Beaudoin.

De leur côté, les analystes ont ajouté que la commande constituait un signe que l'aviation d'affaires reprenait des forces, après des années difficiles.

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