Si Bombardier Avions d'affaires poursuit parfois des clients récalcitrants, elle fait aussi l'objet de plusieurs poursuites de la part de clients insatisfaits.

Les manufacturiers d'avions d'affaires sont toutefois extrêmement discrets au sujet de telles procédures judiciaires. Il est donc difficile de vérifier si les relations entre Bombardier [[|ticker sym='t.bbd.b'|]] et ses clients sont anormalement acrimonieuses.

«Je ne suis pas au courant de problèmes spécifiques chez Bombardier en fait de délais de livraison ou de problèmes de finition», a commenté un analyste de l'industrie de l'aviation d'affaires, Brian Foley, de la firme américaine Brian Foley Associates.

Il y a une semaine, les avocats de Bombardier ont déposé en Cour supérieure du Québec une poursuite contre un client turc qui avait refusé de payer un biréacteur d'affaires Challenger 300 et d'en prendre possession.

Un avocat montréalais, Me Laurent Debrun, de la firme Kaufman Laramée, a communiqué avec La Presse Affaires hier pour faire remarquer que plusieurs clients avaient entamé des procédures judiciaires contre Bombardier pour des problèmes de finition et de livraison de luxueux avions d'affaires.

Il a donné l'exemple de trois sociétés apparentées enregistrées dans les îles Vierges britanniques, Sky Capital Group, Fastwing et Albatross, qui ont déposé une poursuite contre Bombardier au Texas. Sky Capital a affirmé que Bombardier n'avait pas corrigé de façon adéquate les nombreuses imperfections d'un Global 5000 reçu en 2006. De leur côté, Fastwing et Albatross ont soutenu que le manufacturier avait fait de fausses représentations au sujet de deux appareils Global XRS commandés en 2006. Fastwing et Albatross ont annulé l'entente d'achat parce que Bombardier avait reporté de plus d'un an la date de livraison et ont réclamé leur dépôt de 8 millions US.

Les relations ne semblent pas non plus de tout repos entre Bombardier et Eagle Globe Management (EGM), autre société enregistrée aux îles Vierges britanniques qui a commandé un appareil Global XRS. EGM a soutenu que Bombardier lui avait présenté l'appareil en retard et que le travail de finition présentait plus de 450 imperfections. Selon EGM, au cours des discussions qui ont suivi, Bombardier a annulé l'entente d'achat et a gardé l'appareil, en plus de se présenter devant les tribunaux pour réclamer des dommages. EGM a alors déposé une contre-poursuite.

Ces entreprises sont représentées par Kaufman Laramée devant les tribunaux québécois.

Me Debrun a également attiré l'attention de La Presse Affaires sur le cas d'un appareil Global 5000, appartenant à Power Corporation (propriétaire de La Presse), qui aurait été doté de valves défectueuses au cours d'une réparation effectuée dans un centre de service Bombardier. Selon la requête, le mauvais fonctionnement de ces valves a causé des dommages à de l'équipement avionique et une série de compagnies d'assurances poursuivent maintenant Bombardier pour la somme de 430 000$.

La porte-parole de Bombardier Avions d'affaires, Danielle Boudreau, a voulu minimiser l'importance de ces poursuites.

«Ça fait partie des affaires, a-t-elle affirmé. On parle de produits haut de gamme, on parle de gros achats. C'est normal qu'il y ait des avocats impliqués. On essaie d'avoir de bonnes relations d'affaires, mais parfois, ça ne se termine pas comme on voudrait.»

Brian Foley a indiqué que tous les manufacturiers d'avions d'affaires pouvaient parfois connaître des délais et des problèmes à la livraison. Il a ajouté qu'il pouvait arriver qu'un client prenne prétexte de problèmes mineurs pour s'extirper d'un contrat.

«Ils préfèrent annuler un contrat en disant qu'il y a quelque chose qui cloche plutôt que de dire qu'ils n'ont plus d'argent», a-t-il lancé.