De nouveau exposées aux aléas du prix du pétrole, les compagnies aériennes ont commencé à faire payer plus cher leurs billets pour amortir l'impact financier et elles pourraient devoir prendre d'autres mesures si l'envolée du baril se poursuit.

Après la première compagnie aérienne allemande Lufthansa et la compagnie aérienne Singapore Airlines, Air France a indiqué mercredi avoir à son tour augmenté la «surcharge carburant» payée par ses passagers, qui paieront 20 euros (environ 27 $) de plus pour un aller-retour long-courrier.

«Air France a augmenté sa surcharge carburant à partir du 1er février (mardi)», a en effet déclaré à l'AFP une porte-parole du transporteur français, précisant que les hausses vont de deux à 10 euros (2,70 $ à 13,50 $) par trajet et selon la distance.

Le carburant représente un des postes de dépenses les plus importants pour les transporteurs: le deuxième pour Air France-KLM.

La porte-parole n'était pas en mesure de faire de commentaires sur les éventuels impacts financiers de cette hausse du pétrole, en raison de la publication la semaine prochaine des résultats du troisième trimestre de la compagnie aérienne.

Mais mercredi, l'Association internationale du transport aérien (IATA) a d'ores et déjà prévenu qu'un renchérissement prolongé du pétrole pourrait «gâcher la fête» en 2011, alors que le baril oscille autour de 100 dollars.

Après un plongeon historique en 2009, l'IATA s'attend à une deuxième année consécutive de croissance du trafic international de passagers en 2011. Elle prévoit toutefois de voir retomber les bénéfices du secteur à 9,1 milliards de dollars, en recul de 40% sur un an.

Les prévisions de l'IATA ont été élaborées sur la base d'un «prix du pétrole à 84 dollars le baril (de Brent)», explique son directeur, Giovanni Bisignani.

Il souligne que «le carburant représente 27% des coûts de production» dans le secteur.

Vers 17h00, heure GMT (midi à Montréal), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mars s'échangeait à 102,17 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 43 cents par rapport à la clôture de mardi.

Il a bondi jusqu'à 102,36 dollars vers 15h40 GMT (10h40, heure de Montréal), son plus haut niveau depuis le 29 septembre 2008.

Le 20 janvier, la compagnie aérienne à bas coûts britannique easyJet avait déjà concédé, lors de la publication d'une hausse substantielle de ses revenus trimestriels, que le prix du carburant allait sévèrement peser sur ses résultats semestriels.

Deux jours auparavant, la compagnie américaine Delta Airlines avait en outre estimé que l'un des défis de l'année serait de faire face à l'envolée des prix du carburant.

Pour le moment, seule la compagnie à bas coûts irlandaise Ryanair estime être épargnée grâce à une stratégie de couverture favorable.

«Pour 2011, à l'exception de Ryanair, qui est fortement couverte, les compagnies sont couvertes à hauteur de 55 à 60% de leurs besoins sur la base d'un prix moyen du baril d'un peu moins de 90 dollars», explique Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities.

Il ajoute que la moitié de la consommation de pétrole d'Air France est actuellement couverte à 95 dollars.

«On voit (donc) bien que les compagnies sont encore soumises aux évolutions du carburant», résume-t-il.

Il estime cependant que la majeure partie de la hausse de carburant peut pour le moment être transférée sur leurs clients (passagers et clients cargo) sans impact financier significatif.

En revanche, relève-t-il, si le baril devait atteindre les 110 ou 115 dollars, «il faudra des ajustements en terme de capacités».

En d'autres termes, les compagnies réduiraient le nombre de sièges offerts face à la demande, ce qui se traduirait par une hausse du prix des billets d'avions, alors qu'elles venaient juste de recommencer à étoffer leur offre à la faveur de la reprise du secteur.