Dans un coin de la vaste usine encore à moitié vide, de jeunes travailleurs lissent délicatement des couches de fibres de carbone sur des formes.

Dans un coin de la vaste usine encore à moitié vide, de jeunes travailleurs lissent délicatement des couches de fibres de carbone sur des formes.

Ils viennent de se joindre à l'équipe de Bombardier Aéronautique à Querétaro, au Mexique, où ils apprennent leur nouveau métier avant de participer à la fabrication d'un tout nouvel appareil, le Learjet 85, qui serait presque entièrement constitué de matériaux composites.

« Nous investissons beaucoup dans l'apprentissage des gens, commente le responsable du complexe manufacturier de Bombardier Aéronautique au Mexique, Réal Gervais, en faisant visiter l'usine toute neuve qui sera affectée au Learjet 85. Les matériaux composites, ça ne pardonne pas. Une fois que c'est cuit, c'est fini. On ne peut pas faire d'erreurs. »

À l'origine, Bombardier avait confié à Grob Aerospace le soin de concevoir la structure en composite du Learjet 85. Lorsque le petit avionneur suisse a fait faillite, en août 2008, Bombardier a décidé de développer seule l'appareil. Tous les sites du constructeur y prennent part : le centre de développement de Saint-Laurent conçoit l'appareil, l'usine Shorts de Belfast fabriquera les ailes, l'usine de Querétaro fabriquera les pièces de structure et l'usine de Learjet à Wichita assemblera le tout.

« Tout le savoir vient de Montréal, souligne le responsable du projet Learjet 85, Ralph Acs. Ce sera le plus gros Learjet jamais construit, le plus rapide, celui qui aura le plus grand rayon d'action. »

L'appareil de 18 millions de dollars, qui devrait entrer en service en 2013, fait déjà l'objet d'une soixantaine de commandes.

Au Mexique, on s'enthousiasme à l'idée de participer à un tel projet.

« Les gens en sont très fiers, ils savent que s'ils n'avaient pas passé le test des deux premières années, ils n'auraient pas obtenu cet investissement de 250 millions de dollars, note Réal Gervais. Il fallait que Bombardier ait perçu l'engagement de ces gens et ait conclu que la qualité serait équivalente. »

Actuellement, environ 355 personnes travaillent sur le Learjet 85 à Querétaro. En pleine production, ils seront un millier.

Pour l'instant, les employés installent la machinerie et effectuent des tests. Tim Stapleton, consultant américain, analyse une première section de fuselage, d'une seule pièce, d'une légèreté surprenante.

« Ce matériau pèse deux fois moins que l'aluminium et est deux fois plus fort que l'acier, s'enflamme-t-il. Il ne peut pas se corroder. C'est un rêve qui devient réalité. »