Un petit avion d'affaires d'origine française prendra bientôt son envol au Saguenay, entraînant dans son sillage des fournisseurs québécois.

L'entreprise française Cobalt a choisi de s'installer à Saguenay pour finaliser et faire certifier le Cobalt Co50, appareil turbopropulsé aux lignes futuristes qui pourra transporter cinq passagers. C'est un processus qui devrait prendre environ 18 mois. Si les conditions favorables offertes par Saguenay et le gouvernement du Québec tiennent encore, Cobalt s'engagera alors à construire le Co50 à Saguenay pour une période de 10 ans.

Cobalt a déjà sélectionné FDC Composites, de Saint-Jean-sur-Richelieu, pour fabriquer les structures de composite de l'appareil. Selon le président-directeur général de FDC, Jacques Cabana, ce projet entraînera la création d'une cinquantaine d'emplois dans son entreprise.

«Tout l'outillage de fabrication des moules est parti de Serbie et est arrivé chez nous la semaine dernière, a déclaré M. Cabana à La Presse Affaires. Nous commençons à installer notre chaîne de production.»

Cobalt est à la recherche d'autres fournisseurs au Québec.

«Nous sommes en processus de transférer une partie de nos fournisseurs, de trouver des gens qui savent faire la même chose que ce que nos fournisseurs français faisaient», a déclaré le président-directeur général de Cobalt, David Loury, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. «Comme nous ne sommes pas liés par des contrats d'exclusivité, nous sommes assez libres dans nos mouvements. C'est un avion qui est en train de devenir de plus en plus québécois.»

Cobalt, société établie à Toussus-le-Noble, dans la région parisienne, travaille sur l'appareil depuis 2002. Elle a dévoilé un prototype au salon aéronautique d'Oshkosh, aux États-Unis, à la fin du mois de juillet 2010, et a annoncé son intention de construire l'appareil en Amérique du Nord, au coeur de son principal marché. Cette annonce a attiré l'attention des autorités de Saguenay, qui ont décidé de présenter une offre à Cobalt.

«Les conditions qu'offre Saguenay étaient les plus avantageuses parmi les réponses que nous avons reçues», a déclaré M. Loury, notant que les autres lieux considérés étaient tous aux États-Unis, notamment en Californie et en Caroline-du-Nord.

La Ville de Saguenay a notamment offert de construire un hangar moderne à l'aéroport de Bagotville.

«Ils vont payer des choses, mais nous allons leur donner des avantages, des services», a noté le maire de Saguenay, Jean Tremblay, également président de l'organisme de développement économique Promotion Saguenay.

L'organisme aidera notamment Cobalt à naviguer dans le lourd processus administratif qui lui permettra d'avoir accès aux crédits du gouvernement québécois pour la recherche et développement.

Effet d'entraînement souhaité

«Ça va nous permettre d'avoir des conditions de travail idéales, de nous consacrer au travail de certification», a indiqué M. Loury.

Il a ajouté que la qualité des infrastructures, notamment de l'aéroport de Bagotville, a joué un rôle important dans la décision de Cobalt. La région de Saguenay a un autre avantage important: la présence d'une main-d'oeuvre de qualité.

«Nous avons accès à beaucoup de gens qualifiés en aéronautique, le personnel militaire de Bagotville, a expliqué M. Loury. Ils sont sur place, ils sont disponibles et ils veulent demeurer au Saguenay.»

Au début, Cobalt emploiera une dizaine de personnes, mais ce nombre pourra passer à 70 lorsque la société entreprendra la production de l'appareil de 650 000$.

Le maire Tremblay a dit espérer que la venue de Cobalt créera un effet d'entraînement.

«Nous voulons créer une filière aéronautique à Bagotville, a-t-il déclaré lors d'un entretien téléphonique. Le fait qu'une entreprise comme ça, de Paris, vienne ici, ça nous donne de la crédibilité, ça va ouvrir des portes.»