Un nouveau champion européen du transport aérien, International Airlines Group (IAG), est né vendredi de la fusion des compagnies britannique British Airways et espagnole Iberia, affichant d'emblée de grandes ambitions dans un secteur en perpétuelle recomposition.

Conformément au contrat de mariage signé en avril par les deux compagnies, et qui avait été plébiscité par leurs actionnaires en novembre, le rapprochement de BA et d'Iberia est devenu effectif ce vendredi.

La fusion s'est effectuée sans cérémonie. La cotation des actions d'Iberia et de British Airways a été suspendue en vue de leur annulation, avant le début lundi de la cotation d'IAG sur les Bourses de Londres et de Madrid.

Ce mariage de raison, qui avait fait l'objet d'un accord préliminaire dès 2009, doit permettre aux deux compagnies d'économiser des centaines de millions d'euros par an, mais n'aura pas de conséquences visibles pour leurs passagers.

BA et Iberia continueront d'exploiter des réseaux distincts sous leurs propres livrées, avec des équipages et des flottes autonomes, un modèle similaire à celui adopté par Air France et KLM lors de leur mariage en 2004.

Ce mariage hispano-britannique met fin à près d'un siècle d'indépendance pour les deux anciennes compagnies nationales. Elles ont toutes deux été créées au début du XXe siècle (les racines de BA remontent à 1919, et Iberia a été fondée en 1927), nationalisées autour de la Deuxième Guerre mondiale, puis privatisées et cotées en Bourse (en 1987 pour BA, et en 2001 pour Iberia).

IAG va se hisser au deuxième rang des groupes de transport aérien en Europe de par la valeur boursière, talonnant la compagnie allemande Lufthansa et devançant Air France-KLM, qui garde néanmoins l'avantage en termes de chiffre d'affaires et de fréquentation.

Le nouveau groupe dispose en tout de 419 appareils, dessert plus de 200 destinations et transportera environ 55 millions de passagers par an.

Pour les deux compagnies, qui avaient noué des liens étroits depuis une dizaine d'années, cette union semble obéir à une logique financière implacable.

Les compagnies aériennes «classiques», essorées par la crise économique, la flambée des prix du kérosène et la concurrence des compagnies à bas coûts qui ne cessent de leur tailler des croupières, sont de plus en plus poussées à se regrouper pour réaliser des économies, en réduisant leurs effectifs administratifs et en mutualisant leurs achats.

BA et Iberia ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Les dirigeants d'IAG, l'espagnol Antonio Vazquez et le britannique Willie Walsh, avaient affirmé fin novembre que le nouvel ensemble entendait jouer un rôle moteur dans la concentration du secteur aérien, et nourrissait des ambitions planétaires.

IAG, dont le nom de baptême prépare déjà une expansion à d'autres transporteurs, a dressé une liste secrète de douze sociétés dont il pourrait se porter acquéreur afin de créer un nouveau numéro un mondial.

Rien n'a filtré sur ses cibles potentielles, mais Iberia et BA ont critiqué l'an dernier les barrières nationales empêchant les fusions transfrontalières dans certains pays, une allusion à peine voilée à leur partenaire aux États-Unis, American Airlines, avec laquelle elles se sont alliées dans les vols transatlantiques.

Le syndicat britannique Unite est toutefois venu jeter une ombre sur ce mariage. Il a annoncé que le personnel navigant de BA avait voté en faveur du lancement d'une nouvelle série de grèves, dans le cadre d'un conflit social qui a coûté l'an dernier plus de 150 millions de livres (240 millions de dollars) à la compagnie. Aucune date n'a encore été décidée pour la reprise du mouvement.

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