Bombardier avait besoin de la CSeries pour conserver une place en aviation commerciale.

C'est ce qu'écrit l'analyste Chris Murray, de la firme PI Financial, dans un volumineux rapport marquant le début de sa couverture du titre de Bombardier.

 

Il explique que le marché réclame des appareils de plus en plus gros. Or, Bombardier ne peut pas allonger davantage son biréacteur régional CRJ1000 et peut difficilement concurrencer l'Embraer E195, qui peut transporter un peu plus de passagers.

M. Murray croit également qu'un grand nombre de commandes de biréacteurs régionaux inscrites au carnet de Bombardier risquent de ne jamais se réaliser. Selon lui, il y a peu de chances que le transporteur américain Mesa, qui s'est mis sous la protection du chapitre 11 de la Loi sur les faillites, prenne livraison de 10 appareils CRJ700.

Le transporteur russe Tatarstan ne devrait pas non plus prendre livraison de quatre CRJ900 parce que la Russie tarde à certifier cet appareil. Et il est peu probable de voir l'Irak prendre livraison de six appareils CRJ900 en raison d'un interminable conflit juridique avec Koweit Airways.

Ces commandes problématiques représentent 20% du carnet de commandes de CRJ.

«Nous croyons que l'entreprise devait lancer un tout nouvel avion ou, éventuellement, être forcée de laisser le marché de l'aviation commerciale», écrit M. Murray.

L'analyste estime que la CSeries représente un des plus grands risques que court Bombardier, mais constitue aussi une grande occasion.

«Nous croyons qu'ultimement, le programme de CSeries sera un succès», indique M. Murray.

Il s'attend à ce que Boeing et Airbus répliquent à la CSeries avec de nouveaux appareils pour remplacer le 737 et l'A320, mais cette réplique ne devrait pas se matérialiser avant 2020, laissant ainsi une bonne fenêtre à la CSeries. M. Murray croit également que ces nouveaux appareils seront optimisés pour transporter environ 170 passagers, alors que le 737 et l'A320 actuels sont plutôt conçus pour transporter de façon optimale environ 140 passagers. Cela laisse donc de l'espace à la CSeries, optimisée pour transporter de 110 à 130 passagers.

Un autre analyste qui commence à couvrir le titre de Bombardier, Tom Astle, de la firme Dundee Capital Markets, croit également que la CSeries a plus de chances d'être une réussite qu'un échec, notamment parce qu'elle pourrait exploiter cette tranche de marché mal servie par Boeing et Airbus. Et aussi parce que cette nouvelle famille d'appareils bénéficiera de nouvelles technologies en fait de moteurs et de matériaux qui devraient permettre aux clients de réduire leurs coûts d'exploitation.

Des propos optimistes

«Nous aimerions voir davantage de commandes pour la CSeries, mais, compte tenu de ce que nous avons entendu dans l'industrie, le concept de la CSeries est populaire auprès de plusieurs transporteurs aériens et est en avance de plusieurs années sur la concurrence en ce qui concerne l'introduction de technologies clés dans un segment de marché que Boeing et Airbus ont laissé ouvert», écrit-il.

L'analyste croit que le titre de Bombardier se situera à 6,50$ dans un an, alors que Chris Murray fixe plutôt son prix cible à 7,00$. Il a clôturé à 4,97$ hier à la Bourse de Tornto, en hausse de 0,4%.