L'atterrissage de Dornier à Saint-Jean-sur-Richelieu est plus difficile que prévu.

Un investisseur local serait cependant prêt à participer financièrement au projet d'assemblage de l'avion amphibie Seastar, ce qui permettrait de concrétiser les 500 emplois directs et indirects promis lors de l'annonce officielle du 17 mai dernier.

Concurrent féroce

North Bay, qui espérait accueillir l'usine de Dornier, demeure toutefois à l'affût, prête à bondir pour s'emparer du projet en cas d'échec au Québec.

«Nous avons des concurrents qui sont féroces, voraces», a déclaré la directrice générale du Centre local de développement du Haut-Richelieu, Sylvie Lacroix, en entrevue téléphonique avec La Presse Affaires.

Au printemps dernier, Dornier Compagnie d'hydravion a annoncé qu'elle établira l'usine d'assemblage du Seastar à Saint-Jean-sur-Richelieu, dans le cadre d'un projet de 71,5 millions de dollars. Le gouvernement du Québec a promis une subvention de 35 millions pour faciliter l'atterrissage.

Problème de financement

Le projet pourrait cependant déraper.

«Le gouvernement s'est entendu sur un montage financier, mais les promoteurs sont venus nous voir pour nous dire qu'ils avaient un peu de difficulté à réunir la mise de fonds, a déclaré Jolyane Pronovost, attachée de presse du ministre du Développement économique, Clément Gignac. Le ministère accompagne les gens de Dornier pour les aider à compléter leur mise de fonds.»

Dans un échange avec le député de Saint-Jean, Dave Turcotte, mardi soir à l'Assemblée nationale, le ministre Gignac a fait savoir qu'il n'était pas question d'augmenter le montant de la subvention offerte à Dornier.

Le chef de la direction de Dornier, Joe Walker, n'a pas voulu donner de détails sur cette recherche de fonds, expliquant qu'il était lié par une entente de confidentialité signée avec le gouvernement du Québec.

«Je ne peux rien dire d'autre que nous espérons une conclusion rapide à ces négociations», a-t-il déclaré au cours d'une entrevue téléphonique.

«Il y a un investisseur local à Saint-Jean qui est prêt à participer au financement de l'usine de Saint-Jean», a-t-il toutefois ajouté.

L'usine de Dornier devrait employer environ 250 personnes pour procéder à l'assemblage du Seastar, un appareil d'une douzaine de places entièrement fabriqué de matériaux composites.

Des emplois en jeu

L'entreprise a signé un protocole d'entente avec un sous-traitant de Saint-Jean-sur-Richelieu, FDC Composites, pour la fabrication de sous-ensembles. Ce contrat éventuel entraînerait l'embauche de 200 personnes.

Pratt&Whitney Canada fabriquera les moteurs PT6 de l'appareil à son usine de Lethbridge, en Alberta, mais la fabrication de composants et la fabrication et la réparation des moteurs devraient permettre de créer ou de conserver près de 70 emplois dans la région.

Or, North Bay est toujours demeurée en contact avec les gens de Dornier.

Le directeur du développement économique de la Ville, Rick Evans, a récemment indiqué au magazine Northern Ontario Business qu'il avait forgé une solide relation avec M. Walker et qu'ils continuaient à parler d'occasions d'affaires éventuelles.

«Il aime beaucoup North Bay, a déclaré M. Evans. Je suis certain, et Joe également, que Dornier aurait eu du succès ici.»

Mme Lacroix s'est toutefois montrée confiante quant à la conclusion du dossier.

«Dans les cas de prospection d'investissements étrangers, nos concurrents entretiennent toujours l'espoir que nos projets ne fonctionnent pas, a-t-elle indiqué. Mais nous travaillons très très fort pour ne pas trébucher.»