Alors que l'industrie de l'aviation d'affaires peine toujours à reprendre de l'altitude, Embraer a remporté une énorme commande pour 50 biréacteurs d'affaires Phenom 300, assortie d'options pour 75 appareils de plus.

Avec les options, la valeur de l'entente devrait dépasser le milliard US.

Il s'agit d'une bonne nouvelle pour le Brésil, bien sûr, mais aussi pour le Québec. Pratt & Whitney Canada (P&WC) motorise le petit biréacteur d'Embraer, Sonaca Canada fabrique ses panneaux d'ailes et CAE forme les pilotes qui prendront ses commandes.

L'avionneur brésilien a fait cette annonce hier à Atlanta, à la veille de l'ouverture du congrès annuel de la National Business Aviation Association (NBAA).

Le client, la société de vente d'avions en multipropriété NetJets (filiale de l'empire de Warren Buffett Berkshire Hathaway), prendra livraison des 50 premiers appareils entre 2013 et 2015.

«Comme toute l'industrie, NetJets a souffert au cours des deux dernières années, mais nous avons profité de ce ralentissement pour examiner nos besoins pour les 10 à 20 prochaines années, a déclaré le président et chef de la direction de NetJets, David Sokol, au cours de la conférence de presse organisée par Embraer. Nous avons sondé nos clients au sujet de leurs besoins.»

NetJets a examiné les appareils de la catégorie des biréacteurs légers des divers manufacturiers avant de jeter son dévolu sur le Phenom 300, un petit appareil qui fait déjà l'objet de 250 commandes.

«C'est important pour Embraer, mais aussi pour toute l'industrie, a affirmé le président et chef de la direction de l'avionneur brésilien, Frederico Fleury Curado. Ça prouve qu'il y a un avenir, que si nous avons le bon produit, nous pouvons avoir du succès.»

Le président et chef de la direction de P&WC, John Saabas, est allé saluer MM. Curado et Sokol à la fin de la conférence de presse.

«C'est une excellente nouvelle, a-t-il indiqué par la suite à La Presse Affaires. Embraer et NetJets sont tous deux d'importants clients de P&WC.»

En fait, 60% de la flotte de NetJets est propulsée par le motoriste canadien.

Le moteur qui équipe le Phenom 300 est fabriqué à Longueuil et à Toronto. Pour l'instant, il n'est pas question d'augmenter les effectifs.

«La première livraison n'aura lieu qu'en 2013, a rappelé M. Saabas. Mais ça renforcit notre carnet de commandes à long terme. Et nous avons une entente de maintenance avec NetJets, également à long terme.»

C'est aussi une bonne nouvelle pour Sonaca Canada, qui fabrique les panneaux d'ailes du Phenom 300 à son usine de Mirabel.

«Ça va rassurer toute la chaîne de production qui travaille à ce produit, a commenté le président de Sonaca Canada, Philippe Hoste. De savoir qu'on a un programme pour les six prochaines années, c'est encourageant.»

Il a raconté que Sonaca avait misé sur le Phenom parce qu'elle pensait que l'appareil aurait du succès.

CAE, qui a formé une coentreprise de formation avec Embraer, devrait aussi bénéficier de la commande de NetJets.

«Lorsque Embraer vend des appareils Phenom, c'est nous qui faisons la formation, a indiqué Pascale Alpha, de CAE. Nous allons donc bénéficier de tout ça, nous sommes bien heureux.»

Officiellement, le congrès de la NBAA ouvre ses portes ce matin. Mais, traditionnellement, les grands noms de l'industrie tiennent leurs conférences de presse la veille, le lundi, pour faire le point sur leurs divers programmes et annoncer de nouveaux développements.

Bombardier a pris de l'avance en faisant connaître dès samedi les détails des deux gros biréacteurs d'affaires qu'il a officiellement lancés hier, le Global 7000 et le Global 8000.

Cessna a également annoncé un nouveau programme hier, la modernisation de fond en comble de son plus gros biréacteur d'affaires, le Citation X.

Le président et chef de la direction de Cessna, Jack Pelton, a indiqué que, malgré la crise, l'entreprise n'avait pas cessé d'investir dans la recherche et le développement.

«Cette annonce sera suivie d'autres au cours des années à venir», a-t-il affirmé.

Cessna espère revenir un jour avec le Citation Columbus, un projet de gros biréacteur que l'avionneur de Wichita a dû mettre sur la glace en raison de la crise économique. Cet appareil, qui aurait été le gros de sa gamme, devait être propulsé par P&WC. Le motoriste devait fabriquer ce moteur, le PW800, à sa nouvelle usine de Mirabel. En raison du retrait du programme du Columbus, le PW800 s'est retrouvé sans plateforme.

«Pour l'instant, nous allons nous concentrer sur les marchés que nous servons maintenant pour asseoir notre leadership, a déclaré M. Pelton. Puis, nous donnerons à nos clients la possibilité de croître et nous offrirons quelque chose de plus gros.»

Hawker Beechcraft a également annoncé hier une modernisation de son biréacteur d'affaires léger Premier II, le rebaptisant le Hawker 200. De leur côté, les avionneurs Gulfstream et Dassault Falcon ont essentiellement fait le point sur leurs programmes de développement existants.