Air Canada atterrira dans les platebandes de Porter Airlines à l'aéroport de l'île de Toronto, mais le petit transporteur n'exprime aucune inquiétude.

«À l'origine, nous pensions que notre présence à cet aéroport représentait notre plus gros avantage, a déclaré le président et chef de la direction de Porter, Robert Deluce, au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Mais, dans notre réseau, certaines des liaisons qui ont le plus gros coefficient d'occupation ne passent même pas par Toronto. Notre principal avantage, c'est probablement le niveau élevé de notre service.»

Air Canada a annoncé lundi qu'à partir de février 2011, elle offrira jusqu'à 15 vols par jour entre l'aéroport de l'île de Toronto (Billy Bishop) et l'aéroport Trudeau de Montréal. Pour Air Canada, il s'agit d'un retour très attendu dans l'île torontoise.

Au début des années 2000, le prédécesseur d'Air Canada Jazz exploitait 30 vols par jour à partir de cet aéroport. Le transporteur a toutefois progressivement réduit le nombre de vols et, au début de 2006, Jazz n'en exploitait plus que sept.

La Toronto Port Authority (TPA) a alors mis fin au bail de Jazz. Quelques mois plus tard, Porter Airlines a commencé à offrir un service à partir de cet aéroport avec des turbopropulseurs Q400 de Bombardier. Jazz a alors essayé de reprendre pied dans l'île et a entamé des procédures judiciaires pour contester son éviction, sans succès.

En juin dernier, la TPA a accordé 90 nouveaux créneaux d'atterrissage à l'aéroport Billy Bishop. En tant qu'exploitant déjà présent, Porter a obtenu la moitié de ces nouveaux créneaux, soit 44, qui viennent s'ajouter à ses 112 créneaux existants. Air Canada a remporté 30 créneaux et Continental Airlines, 16.

«Nous avons reconnu la valeur de l'aéroport Billy Bishop avant les autres, nous avons établi des bases solides, a affirmé M. Deluce. Avec 156 créneaux sur 202, nous sommes en très bonne position.»

Une société soeur de Porter, City Centre Terminal Corporation (CCTC), a notamment investi 59 millions de dollars dans un nouveau terminal à l'aéroport. Air Canada a entrepris des discussions avec CCTC pour louer de l'espace dans ce terminal.

«Ces discussions vont porter fruits, a affirmé M. Deluce. Ce terminal est en mesure d'accueillir plus de passagers que les 1,4 million que Porter transportera cette année. Pour nous, cela constituera une importante source de revenus.»

M. Deluce croit que l'arrivée de nouveaux transporteurs haussera encore davantage la crédibilité de l'aéroport Billy Bishop. Il espère également que des clients fidèles d'Air Canada qui passeront par cet aéroport adopteront Porter lorsqu'ils constateront la qualité du service du petit transporteur.

Air Canada louera cinq appareils Q400 pour les liaisons quotidiennes, mais le transporteur n'a pas voulu donner de détails sur ces contrats de location. On ne sait pas encore s'il s'agira de nouvelles commandes pour Bombardier.

À la suite d'un processus d'appel d'offres, Air Canada a choisi Sky Regional Airlines pour exploiter les vols entre l'aéroport Billy Bishop et l'aéroport Trudeau, en raison notamment de sa structure de coûts concurrentielle. Il s'agit d'une filiale de Skyservice Business Aviation, qui offre déjà divers services d'aviation d'affaires à Toronto, Montréal et Calgary.

L'analyste Chris Murray, de la firme PI Financial, estime qu'il s'agit d'une perte pour Jazz.

«Ce n'est pas très significatif en termes financiers pour Jazz, mais ça envoie quand même un signal négatif au sujet de sa structure de coûts et ça soulève des questions en ce qui a trait au développement de ses affaires avec Air Canada», écrit-il dans un rapport d'analyse.

Porter a annoncé un coefficient d'occupation de 55,8% en septembre 2010, une hausse de 8,2 points par rapport à septembre 2009. Pour sa part, Air Canada a annoncé un coefficient de 82,2%, soit une hausse de 2,5 points.