Pratt&Whitney Canada (P&WC) espère motoriser le nouvel avion d'affaires Global que Bombardier (T.BBD.B) lancera dans deux semaines à Atlanta, dans le cadre du congrès de la National Business Aviation Association (NBAA).

«Nous sommes en compétition (pour cet appareil)», a indiqué le président de P&WC, John Saabas, hier, en marge de l'inauguration de son centre mondial d'essais en vol de Mirabel. Ce centre constitue la première phase du Centre aéronautique que P&WC construit présentement à Mirabel, un vaste complexe qui aura la même superficie que 350 maisons unifamiliales et qui emploiera 300 employés d'ici 2015.

Le centre d'essais en vol testera toute la gamme de moteurs de Pratt&Whitney, la société mère de P&WC, depuis les turbopropulseurs jusqu'aux turbosoufflantes de 90 000 livres de poussée, des monstres pouvant propulser de très gros porteurs.

Pour ces essais en vol, P&WC utilisera deux appareils Boeing 747 modifiés, qui permettront de simuler toutes sortes de conditions de vol et d'enregistrer des masses de données. Les dignitaires présents à l'inauguration hier ont pu visiter l'intérieur d'un de ces appareils, remplis d'appareillage électronique.

La deuxième phase du Centre aéronautique, présentement en construction, permettra d'assembler et de tester deux types de moteurs: la turbosoufflante à réducteur PW1524G, qui motorisera la nouvelle CSeries de Bombardier, et la famille PW800, destinée aux gros biréacteurs d'affaires.

Le PW800 devait propulser le Columbus, le plus gros avion d'affaires que devait produire Cessna. Or, l'avionneur américain, durement frappé par la crise, a abandonné ce projet et le PW800 s'est retrouvé sans plateforme.

«Nous cherchons encore des clients, a indiqué M. Saabas hier. Nous sommes en concurrence avec d'importants manufacturiers et nous espérons annoncer quelque chose au cours de la prochaine année. Nous avons commencé les travaux parce que nous sommes confiants de trouver des clients.»

Outre le nouveau Global de Bombardier, P&WC s'intéresse au SMS, un nouvel appareil de catégorie intermédiaire supérieur que met au point Dassault Falcon. Le manufacturier n'a pas encore fait connaître les caractéristiques précises de cet appareil, et notamment la puissance de ses moteurs. Il pourrait avoir besoin d'un moteur de la puissance du PW800, mais il pourrait aussi nécessiter un moteur moins puissant.

M. Saabas a noté que les gros biréacteurs d'affaires avaient moins souffert de la crise économique que les appareils plus petits. Il a affirmé qu'au cours des trois dernières années, les ventes des plus petits appareils avaient chuté de 50%, alors que celles des plus gros n'avaient décliné que de 10%. Le marché des moteurs pour ces gros avions d'affaires représente des revenus de 2 milliards US par année.

«C'est 300 avions par année, soit 600 moteurs», a affirmé le président de P&WC.

L'ensemble du projet de Centre aéronautique de Mirabel nécessitera des investissements de 360 millions de dollars. Environ 142 millions proviendront du gouvernement du Québec, dont 7,5 millions pour le centre mondial d'essais.

«Nous vivons dans un monde compétitif», a déclaré le ministre du Développement régional du Québec, Clément Gignac, pour expliquer cette subvention. Il a notamment rappelé que Plattsburgh aurait bien voulu obtenir ce nouveau centre d'essais.

De son côté, le ministre fédéral de l'Industrie, Tony Clement, a affirmé que la décision de la multinationale Pratt&Whitney d'installer son centre mondial d'essais en vol à Mirabel était liée à la politique de retombées industrielles régionales du gouvernement fédéral. En 2007, Ottawa a acheté 18 turbosoufflantes de Pratt&Whitney pour propulser ses quatre appareils Boeing C-17. En retour, la multinationale devait investir au moins 57 millions au Canada.

John Saabas a indiqué que l'entreprise avait choisi Mirabel en raison de la qualité des infrastructures de la région, de la qualité de la main-d'oeuvre, de la proximité de l'usine d'assemblage de la CSeries et du partenariat offert par les gouvernements du Canada et du Québec.