Bombardier Aéronautique se donne quelques mois avant de décider de sabrer ou non dans la production de ses petits avions d'affaires Learjet, moins populaires depuis le début de la crise économique.

Le chef de la direction financière de la multinationale, Pierre Alary, a confié mercredi que certains indicateurs permettaient d'espérer une reprise du marché après un creux au cours duquel les ventes de certains modèles ont dégringolé.

L'homme d'affaires a souligné mercredi que les entreprises avaient renoué avec les profits et recommencent à dépenser. Selon lui, si le passé est garant de l'avenir, cela devrait bientôt se traduire par une remontée des commandes de Learjet, sauf peut-être aux États-Unis où les décideurs restent plus craintifs.

«Mais si les ventes ne redécollent pas d'ici trois à six mois, il faudra prendre une décision», a-t-il précisé dans une présentation aux analystes, dans le cadre d'une conférence organisée par la banque CIBC.

D'après la General Aviation Manufacturers Association, Bombardier n'a livré que sept Learjet au premier trimestre de cette année, contre 22 à la période correspondante en 2009.

Cette faiblesse marquée de la demande semble affecter tous les constructeurs de petits avions d'affaires. L'Américaine Textron a ainsi réduit la cadence à ses usines de production de Cessna en raison d'une diminution des commandes.

Dans une note datée du 21 septembre, l'analyste Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, voyait dans ce ralentissement de la production le signe d'une «stagnation» du marché des avions d'affaires.

Il soulignait toutefois que la gamme Global Express de Bombardier continuait à bien faire malgré les turbulences, ce qu'a confirmé Pierre Alary mercredi.

Les trois modèles de Learjet sont assemblés à Wichita, au Kansas. Si l'on en croit Benoît Poirier, les ventes de ce type d'appareils comptent pour environ 1% des revenus consolidés de Bombardier.

L'entreprise travaille actuellement à la conception d'un quatrième appareil de cette série, le Learjet 85, qui sera fait de matériaux composites, et pourra transporter jusqu'à 10 personnes sur 5000 km sans faire escale.

Bombardier a d'ailleurs dévoilé mercredi l'identité d'autres fournisseurs de ce projet et de la CSeries, la future gamme d'avion commercial de 100 à 150 places de l'entreprise.

Plusieurs entreprises canadiennes dont Delastek, Thales et Mechachrome figurent parmi les sociétés retenues.

Devant les analystes financiers, Pierre Alary a souligné que le projet de CSeries progressait bien et qu'une poignée d'acheteurs potentiels s'étaient manifestés.

Selon lui, les commandes devraient commencer à se multiplier d'ici un an. «Nous sommes à 40 ou 42 mois de la première livraison et habituellement, les commandes commencent à entrer environ 30 mois avant ce moment-là», a-t-il expliqué.

«Nos clients ne sont pas pressés, surtout dans le contexte actuel», a-t-il ajouté.