La reprise du transport aérien est plus soutenue que prévu et les compagnies devraient enregistrer près de 9 milliards de dollars US de bénéfices cette année, mais l'Europe est toujours à la traîne, selon l'association internationale du transport aérien (IATA).

«La reprise du secteur a été plus forte et plus rapide que ce qu'on pouvait prévoir», a jugé mardi Giovanni Bisignani, le directeur de IATA, lors d'une conférence de presse à Singapour.

L'association, qui représente près de 230 compagnies aériennes, a revu en forte hausse ses perspectives pour l'année: elle table désormais sur des bénéfices de 8,9 milliards de dollars pour le secteur.

En juin, IATA prévoyait 2,5 milliards de bénéfices en 2010, après avoir d'abord envisagé une perte de l'ordre de 2,8 milliards de dollars.

Le transport aérien avait été très durement touché par la crise économique, avec une chute du fret, moins de voyageurs et d'hommes d'affaires dans les avions, occasionnant des pertes abyssales ces deux dernières années.

Mais actuellement, les recettes des compagnies sont de nouveau portées par l'augmentation de la demande des passagers face à une augmentation modérée des sièges offerts. Par ailleurs, les coûts demeurent relativement stables, souligne IATA.

«Le trafic aérien est sensible à l'environnement macroéconomique», et donc à la sortie de crise, remarque Pierre Boucheny, analyste chez Kepler Capital Markets.

La recette unitaire est en forte progression actuellement avec «des capacités qui restent contrôlées, des avions qui se remplissent mieux et un mouvement de remontée des prix», confirme-t-il.

Toutes les régions du monde ont vu leur perspective améliorée dans les nouvelles prévisions de IATA, à l'exception de celles pour l'Afrique, qui demeurent inchangées. Il reste toutefois des différences très importantes selon les régions, souligne l'association.

Les transporteurs aériens d'Asie-Pacifique profitent pour leur part à plein de la reprise, avec un bénéfice prévu de 5,2 milliards de dollars cette année, plus du double de la précédente estimation (2,2 milliards).

IATA y remarque un dynamisme important du trafic cargo comme des voyages d'affaires, qui alimentent les classes avant (premières et affaires), les plus rentables pour les compagnies.

La situation est aussi favorable en Amérique du Nord, où le trafic a bien repris avec la croissance économique, alors que les compagnies aériennes demeurent prudentes en termes de capacités.

À l'inverse, l'Europe reste toujours à la traîne et devrait être la seule région dans le rouge avec une perte, revue toutefois à la baisse, de 1,3 milliard.

«La faiblesse persistante de l'économie européenne et la confiance hésitante des consommateurs continue de déprimer le trafic passagers venant d'Europe», analyse IATA.

Malgré son regain d'optimisme au niveau mondial pour cette année, IATA reste assez prudente pour l'avenir.

«L'amélioration est significative, plus forte que prévu, mais il n'y a pas encore de quoi s'extasier», a relativisé M. Bisignani.

Pour 2011, IATA attend un bénéfice global en repli à 5,3 milliards de dollars, avec un ralentissement attendu de la croissance économique.

«La vraie question concernant ces prévisions est de savoir combien de temps va durer la reprise. Il est clair qu'il y aura un ralentissement au quatrième trimestre», a-t-il ajouté.