Voulant éviter de connaître un hiver difficile, comme le fut le cas l'an dernier, le voyagiste Transat optera cette année pour une nouvelle stratégie: offrir des forfaits de luxe, la possibilité d'acheter plus facilement des vols seuls vers le Sud et des bas prix en début de saison.

C'est ce qu'a indiqué jeudi le président et chef de la direction de l'entreprise montréalaise, Jean-Marc Eustache, au cours de la téléconférence tenue pour commenter les plus récents résultats trimestriels.

Jusqu'ici, Transat [[|ticker sym='TRZ-B.TO'|]] ne proposait pratiquement aucun forfait de luxe, se concentrant sur les hôtels trois et quatre étoiles. L'an dernier, vu la situation économique, la compagnie avait même mis l'accent sur les trois étoiles, un choix qui l'avait défavorisé face à ses concurrents, notamment Vacances Air Canada et Sunwing.

Il y a un an, Transat avait également lourdement souffert de sa décision de réduire sa capacité dans l'espoir d'obtenir un raffermissement des prix sur le marché. La tentative s'était retournée contre l'entreprise: ses concurrents ont rapidement accru leur propre capacité, ce qui avait poussé Transat sur les lignes de côté.

Cette année, le numéro un canadien des voyages vacances, ne fait pas bande à part: il participe pleinement à l'augmentation de 15 pour cent du nombre de sièges qu'on constate actuellement sur le marché des destinations soleil.

Jusqu'ici, les prix sont en moyenne cinq pour cent moins élevés que l'an dernier, mais M. Eustache n'est pas inquiet. D'abord, ses coûts sont à la baisse, notamment grâce à une entente conclue avec le transporteur Canjet qui lui procurera des économies oscillant entre 5 et 10 millions $ sur les frais de nolisement des avions qui compléteront sa flotte.

Mais surtout, contrairement à l'automne dernier, Transat a décidé de démarrer la saison des vols hivernaux avec des prix plus bas, puis d'augmenter ceux-ci lorsque les avions et les hôtels présenteront de bons taux de remplissage. Il y a un an, Transat avait commencé la saison avec des prix relativement élevés, mais avait dû rapidement les abaisser face à la vive concurrence, ce qui lui a coûté cher.

En outre, Transat commercialisera davantage des vols seuls, vendus sans forfaits, croyant y trouver une façon avantageuse de remplir ses avions.

Pour l'instant, la nouvelle stratégie semble fonctionner: les réservations pour les mois d'hiver sont deux fois plus nombreuses qu'à pareille date l'an dernier.

Résultats

À son troisième trimestre, qui a pris fin le 31 juillet, Transat a enregistré des profits nets de 20,9 millions $ (55 cents par action), en baisse de 32,5 pour cent par rapport aux 31 millions $ (91 cents par action) dégagés pendant la même période de l'an dernier.

En excluant les éléments exceptionnels, notamment un gain de 30,6 millions $ lié à la couverture sur le carburant enregistré il y a un an, le bénéfice ajusté après impôts a atteint 26,8 millions $ (70 cents par action), par rapport à 7 millions $ (21 cents par action) l'année dernière.

Les analystes tablaient en moyenne sur un bénéfice ajusté par action de 22 cents. Les investisseurs ont apprécié l'écart favorable: l'action de Transat a clôturé jeudi en hausse de 35 cents, soit 2,6 pour cent, à 14,05 $, à la Bourse de Toronto.

Les revenus consolidés se sont chiffrés à 867,3 millions $ pendant le trimestre, en hausse de 5,9 pour cent. La marge bénéficiaire s'est établie à 6,2 pour cent, contre 3,3 pour cent il y a un an.

«Ces bons résultats s'expliquent par un solide marché transatlantique, où les prix de vente, les coefficients d'occupation et le nombre de passagers ont été beaucoup plus élevés que l'an dernier», a écrit l'analyste Martin Landry, de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note.

«Le tourisme international se porte bien et la volonté des gens de voyager demeure manifeste», s'est félicité Jean-Marc Eustache.

Transat a néanmoins pâti de la baisse des marges bénéficiaires sur les voyages vers les destinations soleil et de la situation difficile du marché français du moyen-courrier.

Les revenus des filiales nord-américaines de Transat ont progressé de 13,8 pour cent, mais ceux des divisions européennes ont reculé de 5,3 pour cent, en raison notamment de la faiblesse de l'euro et de la livre sterling.

Pour son quatrième trimestre, qui se termine à la fin octobre, Transat s'attend à ce que ses revenus et ses marges soient en hausse par rapport à l'an dernier et que ses marges soient supérieures à celles du troisième trimestre.

Transat chapeaute le transporteur Air Transat, en plus de vendre des forfaits vacances aux touristes du Canada et de l'Europe.