Les retombées industrielles liées aux achats militaires d'Ottawa devraient commencer à débouler, notamment avec l'octroi de contrats liés au soutien en service de l'hélicoptère Chinook et des avions de transport C-17 et C-130J.

C'est du moins ce qu'ont affirmé des dirigeants de Boeing et de Lockheed Martin, rencontrés par La Presse Affaires à l'occasion du Salon aéronautique de Farnborough.

«Le Canada a acheté un avion déjà existant (le C-130J), configuré pour les Forces américaines, a déclaré Ross Reynolds, vice-président du programme C-130J chez Lockheed Martin. Il y avait donc une somme de travail limitée à accomplir sur l'appareil. Il y a plus de travail du côté du soutien en service. C'est donc là où nous verrons plus de retombées.»

Lockheed Martin et Boeing se sont engagés à générer au Canada des retombées équivalentes aux contrats conclus avec le gouvernement.

En décembre 2007, Ottawa a annoncé l'acquisition de 17 appareils C-130J pour la somme de 1,4 milliard de dollars. En avril dernier, le gouvernement a conclu avec Lockheed Martin une entente de 723 millions pour le soutien en service des appareils jusqu'en 2016. Il s'agit d'une entente renouvelable.

À venir jusqu'à maintenant, Lockheed Martin affirme avoir identifié 1,4 milliard de retombées, surtout au Québec, qui devrait s'emparer de 46% du gâteau. L'Ontario n'en obtiendrait que 22%.

«Nous voulons diviser le travail du mieux que nous le pouvons, mais ça dépend des capacités des régions, a déclaré M. Reynolds. Certaines sont mieux équipées que d'autres. On peut donc avoir un plus grand pourcentage dans une région que dans une autre.»

C'est pour cela que Lockheed Martin n'est pas un grand partisan de quotas régionaux.

«Nous plaçons le travail là où il y a de la capacité», a-t-il réitéré.

Une flexibilité bienvenue

Du côté de Boeing, on apprécie aussi une certaine flexibilité.

«On nous a encouragés à travailler avec toutes les régions du Canada, a indiqué la directrice de la Participation industrielle régionale chez Boeing, Gwen Kopsie. Nous comprenons le besoin d'exiger une certaine distribution, mais le fait d'avoir une certaine flexibilité au-delà, c'est une bonne chose. La politique canadienne le permet.»

Si Boeing a déjà identifié plus de 90% des retombées liées à l'acquisition de quatre avions de transport C-17, un contrat d'une valeur de 1,6 milliard, elle ne fait que commencer le travail pour les retombées du soutien en service, qui représentent également 1,6 milliard sur une période de 20 ans.

«Le travail sera identifié tout au long de ces 20 ans, mais il y aura certainement des retombées industrielles», a affirmé Mme Kopsie.

Boeing a identifié au-delà de 60% des retombées liées à l'acquisition des hélicoptères Chinook CH47. Il reste donc encore de la place pour des retombées additionnelles.

L'acquisition des hélicoptères de transport nécessitera des débours de 2 milliards de dollars. Les retombées liées au soutien en service devraient être particulièrement intéressantes, puisque ce contrat représente 2,7 milliards sur 20 ans.

«Il y a une exigence significative pour un contenu direct en ce qui concerne le soutien en service, a indiqué Mme Kopsie. Nous allons faire effectuer une bonne partie du travail par des Canadiens. En fait, à l'heure actuelle, nous prenons des parties du programme de soutien en service et nous les soumettons à une concurrence entre entreprises canadiennes seulement.»

Elle a noté que le travail que pourront remporter des entreprises canadiennes en guise de retombées ne sera pas nécessairement lié au Chinook, mais pourra être lié à d'autres programmes de la Défense, ou même à des programmes commerciaux.

Mme Kopsie a soutenu que Boeing respecterait ses engagements en matière de retombées industrielles.

«Jusqu'ici, nous nous sommes engagés à 41 milliards US de retombées dans 40 pays», a-t-elle déclaré.

Elle a ajouté que Boeing dépensait annuellement 1 milliard de dollars au Canada, alors que les exigences en fait de retombées industrielles étaient très récentes.

«Lorsque nous faisons affaires avec une entreprise qui donne de la valeur, nous continuons à travailler avec elle, qu'il y ait des exigences de retombées industrielles et régionales ou pas.»

L'acquisition du Joint Strike Fighter, le F-35, annoncée le 16 juillet dernier, n'est pas soumise à la politique de retombées industrielles régionales, parce qu'il s'agit d'une entente de gouvernement à gouvernement.

Le ministre fédéral de l'Industrie, Tony Clement, s'est cependant montré confiant la semaine dernière à Farnborough. «Le Canada a investi 168 millions dans la mise au point de cet avion, a-t-il indiqué. Depuis 2002, ça a entraîné 350 millions de dollars de contrats pour 85 entreprises et organisations au Canada.»