L'apparition du Boeing 787, le Dreamliner, au Salon aéronautique de Farnborough, après deux ans de délais, a eu valeur de symbole. Comme l'appareil, l'industrie a connu des années difficiles, mais le pire semble être passé. Du moins, en ce qui concerne l'aviation commerciale.

En effet, le secteur de la défense n'est pas sorti du bois: les gouvernements ont entrepris de diminuer leurs dépenses militaires. Par contre, le secteur civil se prépare à une reprise à la fin de cette année ou au cours de l'année prochaine. Ou au pire, en 2012.

Le salon de Farnborough se termine officiellement dimanche, mais l'événement s'ouvre au grand public les deux journées de la fin de semaine et la plupart des dirigeants ont déjà regagné leurs terres. L'heure des bilans a commencé, et il est plutôt positif. Les commandes ont recommencé à arriver.

L'ensemble des commandes enregistrées au salon ou en marge de l'événement ont atteint 29 milliards US. C'est loin du record de 88,7 milliards US enregistré à Farnborough en 2008, mais c'est beaucoup mieux que les petits 7 milliards US de commandes enregistrées au salon du Bourget en 2009, au creux de la crise.

Airbus, grand gagnant

Airbus sort grand gagnant du salon avec des commandes fermes de 13,2 milliards US pour 132 appareils. Boeing n'est cependant pas loin derrière avec des commandes de 12,8 milliards US pour 103 appareils.

Du côté des avions régionaux, Embraer a enregistré une gigantesque commande ferme de 35 appareils, d'une valeur de 1,3 milliard US, placée par le transporteur britannique Flybe. L'entente est assortie d'options et de droits d'achat pour 105 appareils de plus.

«Je n'ai jamais été aussi occupé», a lancé le président et chef de la direction d'Embraer, Frederico Fleury Curado, au cours d'une rencontre avec La Presse Affaires vers la fin du salon.

L'avionneur russe Sukhoi a aussi connu un excellent salon avec deux commandes de 30 appareils chacune, pour une valeur totale de 1,8 milliard US.

Quant à ATR, qui produit des turbopropulseurs, elle a annoncé des commandes pour 30 appareils.

Dure semaine pour Bombardier

Bombardier, par contre, a connu une dure semaine. L'industrie attendait une nouvelle commande pour la CSeries, sa nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places. Mais le client présumé, Qatar Airways, a fait durer le suspense jour après jour, à la recherche de garanties sur les économies promises par le motoriste Pratt&Whitney.

Bombardier a annoncé quelques commandes, comme sept appareils Q400 pour le transporteur australien Qantas, mais la fameuse «grosse commande» n'a cessé de lui échapper.

Ce qui a fait mal également, c'est que Steven Udvar-Hazy, créateur du modèle de société de location d'avions à long terme, a fait des emplettes à peu près partout: Airbus, Boeing, Embraer et ATR, pour sa nouvelle société Air Lease, mais pas chez Bombardier. Or, M. Udvar-Hazy s'était montré intéressé par la CSeries lorsqu'il était à la tête d'ILFC (International Finance Lease Corporation).

Le vice-président au marketing de Bombardier Avions commerciaux, Philippe Poutissou, a expliqué que la CSeries n'était pas encore disponible.

«Lorsqu'elle entrera en service, en 2013, elle sera très attrayante», a-t-il affirmé.

CAE tire son épingle du jeu

D'autres entreprises québécoises à Farnborough ont bien tiré leur épingle du jeu, comme CAE, qui a signé à un jour d'intervalle des ententes de formation avec deux avionneurs, MRJ et ATR.

«C'est très important pour nous, a déclaré le président des produits de simulation et de l'entraînement civil chez CAE, Jeff Roberts, après l'annonce de la deuxième entente. Ça met en valeur notre technologie et l'étendue de nos services.»

Pratt, Héroux et CMC

Pratt&Whitney Canada a été choisie pour motoriser un nouvel hélicoptère d'AgustaWesland, alors qu'Héroux-Devtek pourra monter à bord du Gulfstream 550 et du Boeing 737 grâce à des contrats accordés par Vought Aircraft.

Enfin, CMC Électronique a renouvelé un contrat de 23,6 millions US avec Sikorsky.