Le Boeing 787, le Dreamliner, fera sa première grande sortie dans le monde à l'occasion du Salon aéronautique de Farnborough, qui s'ouvrira lundi dans la région de Londres.

Mais ce qui risque de dominer les conversations, c'est le sort que réserveront Boeing et Airbus à leurs appareils monocouloir, les populaires Boeing 737 et A320. Les géants de l'aéronautique lanceront-ils de nouvelles versions de ces appareils dans un avenir relativement rapproché? Ou vont-ils tout simplement munir les versions actuelles de moteurs plus performants?

Plusieurs facteurs pèseront sur leur décision. Et l'un de ces facteurs, c'est le succès que remportera, ou pas, la CSeries de Bombardier au cours du Salon.

«Si la CSeries remporte un nombre significatifs de commandes, cela mettra de la pression sur Boeing et Airbus et les incitera à aller de l'avant avec de nouvelles versions, déclare Richard Aboulafia, un analyste de la firme américaine Teal Group. À l'inverse, si la CSeries remporte peu de commandes, Airbus et Boeing conserveront leurs appareils actuels, et les espoirs mis dans la nouvelle technologie auront été exagérés. Nous en saurons beaucoup cette semaine.»

Selon M. Aboulafia, c'est le moment ou jamais pour la CSeries, une nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places qui promet une diminution de la consommation de carburant de 20% par rapport aux appareils existants.

«Le trafic passager commence à se rétablir, les commandes reprennent, le carburant est encore très cher, il y a beaucoup d'engouement pour les nouvelles technologies, a souligné M. Aboulafia. C'est une occasion en or pour la CSeries.»

À venir jusqu'à maintenant, trois sociétés, soit les transporteurs Lufthansa et Republic Airways et la société de location Lease Corporation International ont passé des commandes pour un total de 90 appareils de la CSeries, assorties d'options pour 90 appareils supplémentaires.

Plusieurs autres sociétés aériennes ont exprimé leur intérêt au cours des deux dernières années, comme United Airlines, Mexicana, Scandinavian Airlines System (SAS), Avianca (Colombie), Eznis (Mongolie), Qatar Airways et la société de location américain ILFC.

D'ailleurs, Qatar Airways a planifié une conférence de presse lundi immédiatement après une conférence de presse organisée par Bombardier dans la même salle du centre des médias de Farnborough. Qatar promet «de nouveaux développements exigeants».

La CSeries pourrait également être mûre pour une commande importante en Chine. Bombardier a pavé la voie à une telle commande en confiant à une société chinoise, Shenyang Aircraft Corporation (SAC), le soin de fabriquer le fuselage de la CSeries.

En outre, en mars dernier, Bombardier a conclu un protocole d'entente avec CDB Leasing Co (CLC), une des principales sociétés de crédit-bail en Chine, afin de fournir à des clients éventuels de la CSeries et d'autres appareils commerciaux de Bombardier des capitaux pouvant totaliser 3,85 milliards US.

Enfin, il y a trois semaines, le président de la République populaire de Chine, Hu Jintao, a profité de la tenue de la rencontre du G20 à Toronto pour visiter l'usine de Havilland de Bombardier Aéronautique.

«C'est un signe encourageant pour toutes les activités de Bombardier en Chine, commente le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne. C'était une visite cruciale.»

Selon Richard Aboulafia, il faudra également surveiller ce que feront les compétiteurs de Bombardier au cours du salon de Farnborough.

«Il pourrait y avoir des commandes pour le Mitsubishi Regional Jet (MJR) et le Superjet (de l'avionneur russe Sukhoï), indique-t-il. On pourrait aussi entendre parler d'Embraer et de leurs projets: ils pourraient décider d'allonger quelque peu l'E195 ou de lui donner un nouveau moteur.»