Le constructeur aéronautique américain Boeing a salué mercredi la «grande victoire juridique» que constitue selon lui la condamnation par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) des subventions à l'Européen Airbus, et exigé que celui-ci rembourse 4 milliards de dollars.

«Dans le cadre de la décision annoncée ce jour, Airbus doit rembourser les 4 milliards de dollars d'aides illégales reçues pour le programme A380 ou restructurer le financement de l'A380 conformément aux conditions en vigueur sur le marché», a déclaré le directeur juridique de Boeing, Michael Luttig, cité dans un communiqué.

Mais Rainer Ohler, vice-président d'Airbus chargé de la communication, a rapidement rétorqué que «Boeing induit en erreur délibérément l'opinion publique en affirmant qu'Airbus doit procéder à des remboursements».

«C'est faux. Nous regrettons cette désinformation active», a dit M. Ohler dans un communiqué.

Pour Airbus, «Boeing sait lui-même qu'aucun remboursement n'est dû, ce qui est démontré par le fait que, en dépit d'années de décisions définitives» condamnant les aides dont il a bénéficié, l'avionneur américain n'a lui-même jamais rien remboursé.

Outre le remboursement des aides, Boeing demande également une révision du plan de financement de son programme d'avion A350: «Airbus doit abandonner ses projets de financement de l'A350 par le biais de subventions illégales», a affirmé M. Luttig.

L'Organisation mondiale du commerce a jugé illégales mercredi certaines aides de l'Union européenne à son avionneur Airbus, dans un verdict très attendu, donnant en partie raison à la plainte américaine déposée en 2004.

Dans un rapport de 1000 pages rendu public, le gendarme du commerce mondial estime que certaines aides européennes «constituent des subventions à l'exportation», interdites par l'OMC, et appelle Bruxelles à y mettre un terme «sans attendre».

Selon M. Luttig, «ce jugement définit un principe primordial applicable à toutes les entreprises qui rejoignent le marché aéronautique: quiconque entend utiliser des aides publiques pour développer de nouveaux produits doit démontrer que ces financements respectent les conditions du marché».

Le représentant au Commerce des États-Unis Ron Kirk a souligné pour sa part que les États-Unis avaient «remporté une grande victoire à l'OMC dans l'affaire Airbus».