Une entreprise de Laval profite de la politique de retombées industrielles associée aux contrats militaires pour se rapprocher de Boeing (BA).

Produits intégrés Avior a participé la semaine dernière à la création du Consortium canadien de recherche et développement sur la fabrication de composites avec Bell Helicopter Textron Canada, cinq autres entreprises canadiennes, deux centres de recherche et Boeing.

«Le fait d'être là au tout début, de participer à la recherche et au développement de nouvelles technologies, de créer des liens avec les ingénieurs de Boeing, c'est un avantage concurrentiel», a déclaré le directeur du marketing et des nouveaux programmes d'Avior, Joe Marcheschi, au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

Avec 200 employés à Laval et Granby, Avior fabrique des pièces de métal et des produits composites pour l'industrie aérospatiale. Par l'entremise de sa participation au consortium, elle cherche notamment à monter à bord du remplaçant du Boeing 737, un programme qui pourrait prendre son envol d'ici cinq ou six ans. Le nouvel appareil pourrait contenir une grande proportion de matériaux composites.

Les composites sont des matériaux conçus à partir d'éléments différents, comme des plastiques et des fibres, qui présentent des avantages en fait de légèreté et de malléabilité. Boeing a notamment fait un grand usage des matériaux composites dans son nouveau 787, le Dreamliner.

Avior espère d'ailleurs obtenir des commandes pour des composantes de cet appareil.

Retombées industrielles

En août 2009, Ottawa a accordé à Boeing un contrat de 1,15 milliard de dollars pour la fourniture de 15 hélicoptères Chinook CH-147. En vertu de la politique de retombées industrielles du gouvernement fédéral, le géant américain doit investir une somme équivalente dans l'économie canadienne. Boeing a fait savoir que son investissement dans le nouveau consortium de recherche et développement en matériaux composites faisait partie de ces retombées. L'entreprise n'a toutefois pas dévoilé la valeur de ce soutien financier.

«Grâce au consortium, nous rassemblons les entreprises canadiennes de toutes les tailles pour créer des capacités uniques, améliorer les compétences de la main-d'oeuvre canadienne et accroître notre potentiel de concurrence en vue d'une croissance soutenue au sein de l'industrie aérospatiale internationale et d'autres marchés», a déclaré la directrice de la participation industrielle internationale pour Boeing Defense, Space&Security, Gwen Kopsie, par voie de communiqué.

Il s'agira notamment de transformer les connaissances techniques et académiques en solutions pratiques. C'est pour cela que deux centres de recherche, le Composites Innovation Centre de Winnipeg et l'Institut de recherche aérospatiale du Conseil national de recherches du Canada, font partie du regroupement.

«L'épicentre se trouve à Winnipeg, a indiqué M. Marcheschi. C'est là où Boeing est établi au Canada. Mais le projet regroupe des entreprises d'ailleurs au pays.»

Bell Helicopter

Bell Helicopter, qui a déjà une expertise dans les matériaux composites, espère notamment trouver des façons de réduire les coûts et les délais de production, ce qui permettrait de diminuer le prix des appareils et de les rendre plus attrayants.

«Nous voulons également mettre au point une chaîne d'approvisionnement et faire en sorte que nos fournisseurs soient prêts lorsque nous le serons», a déclaré la porte-parole de Bell Helicopter Textron Canada, Cynthia Garneau, en entrevue avec La Presse Affaires.

Avior est déjà un fournisseur de Bell Helicopter. Elle a notamment décroché en mars dernier un contrat de 35 millions US pour la structure du capot moteur du nouveau Bell 429. Mais comme la plupart des autres sociétés aéronautiques québécoises, Avior a souffert du ralentissement économique.

«La diminution de la cadence de production des avions d'affaires de Bombardier et des appareils de Bell Helicopter nous a affectés, a indiqué M. Marcheschi. Nous avons pris les moyens pour faire face à la crise en faisant des mises à pied et en mettant en oeuvre un programme de travail à temps partagé à Laval et à Granby.»

Les deux usines devraient cependant recommencer à fonctionner à temps plein à l'automne, avec l'accélération de la production du Bell 429 et la mise au point du Learjet 85 et de la CSeries de Bombardier.

«Ces programmes représentent des milliers de pièces, a affirmé M. Marcheschi. Nous espérons obtenir une bonne partie de cet ouvrage.»