Bombardier Transport soutient qu'elle n'a pas manqué le train en Russie, mais elle vient quand même de voir Alstom et Siemens lui filer sous le nez avec de plantureux contrats.

Les Chemins de fer russes (RZD) ont octroyé hier un contrat d'un milliard d'euros à la société russe Transmashholding pour la fourniture de 200 locomotives électriques. Ces locomotives seront mises au point par une coentreprise d'ingénierie créée par Transmashholding et la société française Alstom. La veille, RZD avait accordé un contrat de 1,1 milliard d'euros à la Compagnie des locomotives de l'Oural, coentreprise créée par le groupe russe Sinara et la société allemande Siemens. Dans ce cas, l'entente portait sur 221 locomotives électriques.

Comme en Chine, une entreprise étrangère doit se trouver un partenaire local pour faire affaires avec les sociétés nationales comme RZD.

En mai 2008, Bombardier Transport avait conclu une entente préliminaire avec Transmashholding afin d'établir une coentreprise pour la mise au point d'une nouvelle famille de locomotives. Toutefois, cette entente a déraillé quatre mois plus tard. Bombardier a mis fin aux négociations en raison du prix élevé demandé pour une participation dans Transmashholding, ce qui a amené la société russe à se tourner du côté d'Alstom et à signer une entente de partenariat au début de 2009.

«C'est une entente qui a avorté en cours de route, a reconnu le porte-parole de Bombardier Transport, Marc-André Lefebvre. C'était une occasion qui se présentait à ce moment-là, mais elle ne s'est pas développée comme nous le voulions.»

«Ce qui a été annoncé (au sujet d'Alstom), ça ressemble un peu à l'entente que nous avions avec Transmashholding.»

Il a toutefois soutenu que Bombardier n'abandonnait pas le marché russe, «un marché très prometteur qui offre d'excellentes occasions de croissance».

«Nous regardons d'autres occasions, a soutenu M. Lefebvre. Nous sommes à la recherche de partenaires industriels qui sont prêts à travailler avec nous dans ce marché-là.»

Il a rappelé que Bombardier Transport pouvait encore compter sur une coentreprise créée il y a 13 ans avec RZD dans le domaine de la signalisation. Bombardier s'est également montrée intéressée à acquérir une participation dans les Usines électrotechniques unies (Elteza). Il s'agit d'une filiale de RZD qui est également spécialisée dans la signalisation.

Il y a deux mois, RZD a invité les entreprises russes et étrangères actives dans ce domaine à acquérir près de 50% d'Elteza. L'invitation a été envoyée à Bombardier, mais aussi à Alstom, Siemens et Finmeccanica. RZD évalue à environ 100 millions US la participation de près de 50% d'Elteza.

M. Lefebvre ne croit pas que les commandes accordées à Alstom et à Siemens dans le domaine des locomotives leur donneront une longueur d'avance sur le marché russe.

«C'est un marché tellement gros qu'il y a de la place pour tous les concurrents, a-t-il soutenu. Nous sommes considérés comme les trois plus grandes firmes ferroviaires au monde. Il n'y a pas un marché important où nous ne sommes pas présents simultanément.»