Les investisseurs qui s'ennuient des acquisitions en rafales de Garda ne doivent pas s'attendre à les voir réapparaître avant au moins deux ans, a affirmé à La Presse Affaires le grand patron, Stéphan Crétier. La bonne nouvelle, c'est que la firme de sécurité a démontré hier qu'à défaut d'avaler des concurrents, elle peut encore décrocher des contrats. Face à une entreprise dont la priorité semblait se résumer à rembourser ses dettes, bien des investisseurs se demandaient d'où viendrait la croissance chez Garda. La firme a répondu hier par des résultats qui ont surpris le marché.

Garda a dévoilé des profits de 6,35 millions de dollars, ou 20 cents par action, presque le double des prévisions de 11 cents des analystes. Il s'agit d'une hausse de 150 % par rapport à l'an dernier. « Si je ne trompe pas, c'est le troisième ou quatrième meilleur trimestre de toute l'histoire de Garda, malgré un niveau de dette élevé. Ça démontre que l'opération est pas mal en forme », s'est réjoui M. Crétier.

L'action de Garda, qui affichait mardi dernier une perte de 36 % depuis le début de l'année, a bien réagi. Elle a gagné 11,7 % (+90 cents), à 8,64 $, hier. Le titre avait gagné 9 % la veille suivant l'obtention d'un nouveau contrat à Toronto.

En excluant l'effet des taux de change, Garda a réussi à faire croître ses affaires de 8,5 % au premier trimestre grâce à de nouveaux contrats en sécurité physique et en transport de valeurs.

« Même si Garda demeure hautement endettée, les deux segments d'affaires de la société semblent avoir un certain momentum », écrit Martin Landry, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins, qui pointe que plusieurs soumissions pourraient se traduire par de nouveaux contrats dans le futur.

Et remporter des contrats, c'est justement la priorité de Garda.

« On n'entendra probablement pas parler d'acquisitions pour les prochains deux ans », a révélé M. Crétier à La Presse Affaires.

Rappelons que Garda s'était lourdement endettée au cours des dernières années afin de multiplier les acquisitions, avant de se faire rattraper par la crise financière.

Le président a voulu minimiser le fait que Garda doive maintenant demander la permission à ses banquiers pour faire des acquisitions de plus de 10 millions.

« C'est ressorti récemment, mais ça a toujours été comme ça. Là, il est écrit 10 millions, avant, c'était un autre chiffre. Mais il fallait quand même demander des autorisations », a plaidé M. Crétier, qui réitère que les acquisitions ne figurent pas dans ses plans de toute façon.

Parmi les occasions de croissance, M. Crétier pointe du côté des banques américaines, qui confient de plus en plus leurs opérations de manipulation d'argent à des firmes externes, ainsi que le marché canadien, où l'entreprise est numéro un mais occupe moins de 12 % du marché.

Même s'il a raflé quelques contrats en raison des déboires de la firme de sécurité BCIA, qui fait l'objet d'enquêtes et a déclaré faillite, M. Crétier ne s'attend pas à en tirer de grandes opportunités. « Eux, ce sont de petits contrats municipaux par-ci par-là. On vise une business un peu différente », a-t-il dit.