Moins d'un an après avoir accepté divers sacrifices, les pilotes d'Air Canada (T.AC.B) se sont opposés à ce que le transporteur augmente le nombre d'actions disponibles pour récompenser ses dirigeants.

Les actionnaires d'Air Canada n'ont pas entendu leur appel et ont adopté la proposition hier, à l'occasion de l'assemblée annuelle de la société.

L'été dernier, les pilotes et les autres employés d'Air Canada ont accepté un gel des salaires et un moratoire de 21 mois sur la capitalisation de leur régime de retraite.

«En retour, Air Canada s'était engagée à ne pas accroître le programme de compensation des dirigeants», a affirmé le président du conseil exécutif de l'Association des pilotes d'Air Canada, le capitaine Bruce White, au cours de l'assemblée.

Or, le transporteur a proposé aux actionnaires d'augmenter le nombre d'actions disponibles pour son «régime d'intéressement à long terme», réservé aux dirigeants.

À sa création, en 2006, ce régime pouvait compter sur 5 millions d'actions, ce qui représentait 5% des actions en circulation. Depuis, la société a attribué près de 3,2 millions d'options et d'unités d'actions. Il ne reste donc plus que 1,8 million d'actions disponibles. En outre, Air Canada a augmenté le nombre d'actions en circulation notamment par l'entremise d'un nouveau placement public.

«Le nombre d'actions disponibles pour le régime de compensation est extrêmement bas à l'heure actuelle, a déclaré le président du conseil d'administration d'Air Canada, David Richardson, au cours de l'assemblée. Nous sommes allés chercher l'avis de consultants externes, qui ont recommandé une proportion de 5 à 10% des actions en circulation pour nous donner de la flexibilité. Nous avons besoin de cette flexibilité pour attirer et conserver des dirigeants extrêmement compétents.»

Air Canada a donc proposé de faire passer à 19,4 millions le nombre d'actions disponibles pour le régime de compensation, ce qui représente 7% du nombre total d'actions en circulation.

«Nous pensons que ce n'est pas le moment d'allouer plus de ressources à la rémunération des dirigeants, a soutenu M. White. Ça envoie un mauvais message aux employés. En fait, ça risque de les aliéner et de mettre en péril certains efforts faits pour rebâtir cette entreprise.»

M. Richardson a soutenu que l'augmentation du nombre d'actions disponibles ne changeait en rien les termes du régime de compensation, et que la proposition respectait donc les engagements pris auprès des employés. Il a ajouté qu'il n'était pas question de distribuer ces actions immédiatement, mais qu'il s'agissait de constituer une réserve.

Les détenteurs de 82% des actions d'Air Canada qui ont participé au vote ont accepté la proposition de la société.

Le président et chef de la direction, Calin Rovinescu, a profité de l'assemblée pour exposer les priorités du transporteur pour l'année, à commencer par la poursuite du programme de réduction des coûts de 500 millions de dollars d'ici 2011. Air Canada a déjà réalisé des économies de 281 millions jusqu'ici.

La société veut également améliorer l'expérience vécue par la clientèle, changer la culture d'entreprise pour accorder plus d'autonomie aux employés et renforcer sa position sur la scène internationale. Air Canada veut notamment transporter plus de passagers des États-Unis vers l'Asie et l'Europe.

«Pour ce faire, il faudra notamment travailler avec les administrations aéroportuaires et les agences gouvernementales afin de rendre les plaques tournantes canadiennes réellement concurrentielles par rapport à celles de notre voisin du Sud, tant sur le plan du coût des atterrissages et des départs qu'au chapitre des procédures aéroportuaires et des autorisations», a-t-il déclaré.

L'action de catégorie B d'Air Canada a perdu trois cents pour clôturer à 1,85$ hier à la Bourse de Toronto.

Illustration(s) :

Photo Ryan Remiorz, la presse canadienne Le président et chef de la direction d'Air Canada a écouté les doléances des pilotes au terme de l'assemblée générale de la compagnie aérienne.