Garda World (T.GW) a beau assurer qu'elle «va très bien», son titre ne cesse de dégringoler depuis la publication des derniers résultats à la fin d'avril. Un plongeon de plus de 30%, alors que la croissance de l'entreprise paraît limitée à moyen terme.

«Nous avions des attentes auxquelles Garda n'a pas répondu», confie au bout du fil un gestionnaire de fonds torontois qui a liquidé sa participation dans l'entreprise de sécurité montréalaise après la publication des résultats.

«Ils étaient décevants», tranche le gestionnaire spécialisé dans les petites entreprises canadiennes qui préfère ne pas être identifié.

De toute évidence, il n'est pas le seul à avoir eu cette réaction. Depuis la publication des derniers résultats, le 30 avril, le titre a perdu 31%. Et le nombre d'actions échangées est plus élevé que d'habitude. Hier encore, il a reculé de 3,9%, à 6,96$.

Au quatrième trimestre, Garda a annoncé une perte de 43,2 millions de dollars, une nette amélioration par rapport à celle de l'année précédente, qui s'établissait à près de 100 millions. L'année 2009 a été, au dire du président et chef de la direction, Stéphan Crétier, «le moment le plus difficile de l'histoire de Garda en raison de l'économie très précaire aux États-Unis et de l'endettement de l'entreprise dans le contexte de restriction des marchés internationaux de crédit», a-t-il dit fin d'avril.

Des quatre analystes qui suivent Garda, trois ont réduit leur prix cible sur un an après ces résultats. Leur prix moyen demeure toutefois beaucoup plus élevé que la valeur actuelle du titre, à 12$ d'ici un an.

Alors que le titre était encore à 9,36$, Martin Landry, de Valeurs mobilières Desjardins, a même écrit ceci: «Nous considérons que la récente baisse du titre de Garda constitue un point d'entrée attrayant.»

Évidemment, Garda a habitué ses actionnaires à des hauts et des bas. En décembre 2008, en pleine crise du crédit, le titre est descendu jusqu'à seulement 60 cents, avant d'amorcer une remontée fulgurante pour dépasser les 10$ moins d'un an plus tard.

La croissance?

Sauf que, cette fois-ci, souligne un analyste qui préfère ne pas être identifié, l'entreprise montréalaise a quelque peu perdu de son lustre. «C'est une histoire un peu moins sexy qu'avant», dit-il.

Il en veut pour preuve une convention conclue avec le syndicat bancaire qui a permis à Garda de réduire ses intérêts de 15 millions annuellement. Une clause dans cette convention prévoit que Garda devra obtenir l'accord de ses créanciers pour toute acquisition supérieure à 10 millions de dollars. «Opérer et payer de la dette, c'est assez plate», poursuit-il.

Le chiffre de 10 millions est confirmé par Nathalie de Champlain, porte-parole de l'entreprise. «On n'est pas dans une phase d'acquisition, souligne-t-elle. L'accent est mis sur la croissance interne.»

Les acquisitions à répétition, c'est pourtant ce qui a fait les beaux jours de Garda avant que ses problèmes de dette ne la rattrapent.

Mme de Champlain refuse de spéculer sur les raisons qui ont pu pousser les investisseurs à larguer l'action de Garda ces dernières semaines. Elle assure que l'entreprise «va très bien, on est en excellente santé».

Les investisseurs pourront se faire leur propre idée vendredi prochain, car Garda dévoilera à ce moment-là ses résultats du premier trimestre de 2010.