Les voyageurs américains, habitués à de bons prix quand ils prennent l'avion, pourraient devoir payer davantage si le mariage United-Continental va de l'avant tel qu'annoncé hier. Une union qui ferait du transporteur le nouveau numéro un mondial.

Ainsi, deux ans après avoir effectué leur dernière approche, les dirigeants de United Airlines et de Continental Airlines ont finalement décidé d'unir leurs destinées. Le nouveau transporteur gardera le nom United et sera établi à Chicago, siège de l'actuelle United. Les couleurs de l'entreprise seront toutefois celles de Continental. De même, le grand patron de cette dernière, Jeff Smisek, prendra les commandes de la nouvelle entité. Celui d'United, Glenn Tilton, deviendra président du conseil.

La transaction, par échange d'actions, est évaluée à quelque 3 milliards US. Le nouveau groupe aura un chiffre d'affaires de 29 milliards US et atterrira dans 370 villes, situées dans 59 pays.

«Ça signifie probablement des prix plus élevés pour les consommateurs», soutient Karl Moore, professeur de gestion à l'Université McGill. Mais les dirigeants de la nouvelle United s'en défendent.

«C'est une industrie où la concurrence est brutale», a dit Jeff Smisek lors de la téléconférence d'hier matin. «Nous ne pouvions pas fixer les prix avant ceci, nous ne pouvons pas le faire après. On répond à la demande.»

Les deux dirigeants prévoient des synergies pouvant atteindre 1,2 milliard d'ici 2013, dont jusqu'à 900 millions de nouveaux revenus. Ces revenus additionnels viendront, disent-ils, grâce à une meilleure offre à la lucrative clientèle d'affaires.

Continental est très présente en Amérique du Sud, alors que United a une meilleure présence du côté Asie-Pacifique, grâce à un réseau acquis à Pan Am en 1985. «Dit simplement, Continental est forte où United est faible et United est forte où Continental est faible», a dit M. Smisek.

Pour le professeur Moore, de l'Université McGill, cette transaction est somme toute «positive» dans une industrie qui traverse une longue période difficile depuis les attentats de septembre 2001: le SRAS, le terrorisme, le volcan islandais, la Grande Récession américaine. «Peut-être qu'un peu moins de concurrence ne fera pas de tort», dit-il.

Il soutient d'ailleurs qu'une hausse éventuelle des prix sera aussi proportionnelle à la reprise économique dans son ensemble. Si la récession américaine devait se poursuivre, la demande pour les billets d'avion ne serait pas là. Les hausses de prix seraient alors moins importantes.

M. Moore n'est pas le seul à prédire une possible hausse de prix. C'est aussi le cas de Douglas Runte, de la banque d'affaires Piper Jaffray&Co, de New York. «La concurrence devient probablement moins grande pour le voyageur moyen, soutient-il. Les fusions réduisent la concurrence entre les différentes plaques tournantes (hubs) et les prix peuvent être augmentés.»

Un test pour Obama

Actuellement, le numéro un mondial est Delta, qui a acheté Northwest Airlines en 2008. À cette même époque, Continental a bien failli fusionner avec United, mais les négociations ont été arrêtées à la dernière minute.

Le mariage Delta Northwest a obtenu l'aval du ministère américain de la Justice il y a 18 mois. C'était sous le républicain George W. Bush.

Aujourd'hui, plusieurs observateurs de l'industrie s'interrogent ce que sera la réponse de l'administration Obama. «J'ai accepté cet emploi en n'ayant pas peur d'utiliser les dispositions antitrust», a d'ailleurs dit en février la responsable du dossier au ministère du Transport, Christine Varney.

Les routes où la concurrence souffrirait le plus de cette entente sont celles à destination de la Chine et du Japon et, de New York, à destination de l'Europe, selon un avocat de Washington spécialisé en aviation, Mike Goldman.

Signe des temps difficiles pour les compagnies aériennes, United a réduit sa capacité de 7,4% l'an dernier, contre 5,2% pour Continental.

Hier, le titre de Continental a grimpé de 51 cents US à 22,86 $US. Celui d'United a prix 51 cents US à 22,11 $US.

- Avec Bloomberg