En 2009, les grosses transactions ont brillé par leur absence dans l'industrie mondiale de l'aérospatiale et de la défense, mais elles pourraient effectuer un retour au cours de 2010.

Les entreprises canadiennes et québécoises devraient entrer elles aussi dans la danse, estime Mario Longpré, responsable du groupe Aérospatiale et défense de PricewaterhouseCoopers pour le Canada.

«Il y a eu très peu de transactions au Québec en 2009, rien de significatif, déclare-t-il au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse Affaires. Mais ce qu'on entend, c'est que la plupart des acteurs regardent, ils sont prêts, et s'il y a quelque chose, une occasion qui se présente, ils vont aller la chercher.»

Il affirme que les récessions sont souvent suivies par une recrudescence des fusions et acquisitions.

«Il y a toujours des entreprises qui sortent amochées des récessions, explique-t-il. Elles ne sont pas là où elles voudraient être. Ça donne l'occasion à quelqu'un de les acheter à un prix moins élevé.»

Selon un rapport d'analyse de PricewaterhouseCoopers, la valeur médiane des petites transactions (50 millions US ou moins) sur la scène mondiale représentait 12,4 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de l'entreprise acquise en 2008. En 2009, cette valeur médiane ne représentait plus que 6,4 fois le BAIIA.

«C'est très bas, commente M. Longpré. Ça laisse à penser que la plupart de ces transactions-là ont été faites avec des entreprises en difficulté.»

Faibles valeurs

Dans son rapport, PricewaterhouseCoopers constate qu'en 2009, la valeur globale des transactions du secteur de l'aérospatiale et de la défense a diminué de 54% par rapport à l'année précédente, pour s'établir à 10 milliards US. Jamais, en 10 ans, la valeur des transactions n'a été aussi peu élevée.

«Même si les signaux économiques positifs commencent à être plus nombreux, les entreprises continuent à hésiter à s'engager dans de grandes transactions, indiquent les auteurs de l'analyse, Neil Hampson et Scott Thompson. L'accès au crédit est toujours un problème et les entreprises qui ont renforcé leur bilan ne sont pas pressées d'allouer des sommes significatives à des grandes transactions.»

PricewaterhouseCoopers constate toutefois une lente amélioration tout au long des quatre trimestres de l'année. Les deux plus grosses transactions de l'année ont d'ailleurs été effectuées au cours du deuxième semestre.

M. Longpré souligne toutefois que la valeur de ces transactions, 1,65 milliard US et 1 milliard US, est bien inférieure à la valeur des deux principales transactions de 2008, soit 5,6 milliards US et 2,2 milliards US.

Des transactions «forcées»

M. Longpré note également que les deux principales transactions de 2009 dans le monde ont été «forcées» par les événements.

C'est ainsi qu'en juillet, Boeing a fait l'acquisition des installations de production de Vought en Caroline-du-Sud, pour 1 milliard US. Cette usine était responsable de la fabrication d'importantes structures en composite du Boeing 787, le Dreamliner.

«Ils ont dû procéder à cette acquisition parce que l'usine n'arrivait pas à livrer les structures à temps», commente M. Longpré.

En novembre, un groupe d'investisseurs mené par General Atlantic et Kohlberg Kravis Roberts a fait l'acquisition de TASC, firme de consultation qui appartenait à Northrop Grumman, pour 1,65 milliard US.

«Northrop Grumman a été forcée de vendre sa filiale de consultation parce que celle-ci offrait des services au gouvernement américain et leur recommandait d'acheter les produits de Northrop Grumman, dit M. Longpré. C'était problématique.»

Déjà, 2010 s'annonce plus prometteuse que l'ensemble de 2009.

«Le Groupe Triumph vient d'annoncer l'achat du reste de Vought pour 1,5 milliard US, explique M. Longpré. Il y a également eu de petites transactions en Europe. Il commence à y avoir de la vigueur. J'ai l'impression que, dans les prochains mois, les grosses transactions vont suivre.»