C'est l'embellie pour Boeing (BA) , qui vient d'annoncer une augmentation de cadence pour s'adapter à la reprise du transport aérien, et semble bien parti pour remporter un appel d'offres de 35 milliards de dollars du Pentagone.

La crise du transport aérien et les pertes accumulées par les compagnies aériennes clientes avaient tari les commandes, et conduit à des annulations, mais aujourd'hui, Boeing table sur une reprise du trafic, un retour aux bénéfices pour ses clients et de nouvelles commandes à terme.

«Nous voyons 2010 comme l'année de la reprise globale de l'économie dans le secteur, et 2011 comme l'année où les compagnies aériennes redeviendront bénéficiaires», a déclaré le patron du marketing de l'aviation commerciale Randy Tinseth. «Du coup, nous anticipons une reprise de la demande pour les avions en 2012 et au-delà», a-t-il ajouté.

Résultat immédiat: Boeing a annoncé dès vendredi une augmentation de la production de l'un de ses bestsellers, le bi-couloir 777, un an après avoir décidé de réduire la cadence.

Le constructeur prévoit désormais de faire sortir des lignes d'assemblage non plus cinq, mais sept 777 par mois, dès la mi-2011, soit six mois plus tôt que ce n'était envisagé jusqu'alors.

La reprise du fret aérien mondial a également poussé Boeing à pousser la production du 747-8, un avion cargo actuellement en phase d'essais: deux exemplaires sortiront d'usine par mois, au lieu de 1,5, et dès la mi-2012 et non plus à la mi-2013 comme cela avait été envisagé.

Le constructeur a par ailleurs de bons espoirs du côté militaire de remporter un contrat de 35 milliards de dollars pour fournir 179 avions ravitailleurs à l'Armée de l'air américaine: il est actuellement seul en lice, l'Européen EADS, maison mère d'Airbus, étant incertain de pouvoir concourir après la défection de son partenaire américain Northrop Grumman.

Les dernières années avaient été difficiles, et cela s'était ressenti sur la capitalisation boursière du groupe: après un sommet au-dessus de 100 dollars en 2007, l'action n'a cessé de dégringoler jusqu'en mars 2009. Vendredi cependant elle regagnait 0,86% à 71,48$ à la mi-journée à la Bourse de New York, après avoir déjà plus que doublé en un an.

Dans l'intervalle, l'avionneur a souffert de retards en série pour son nouvel avion 787 dit «Dreamliner», gros pari commercial, d'une longue grève de mécaniciens à l'automne 2008, et coup sur coup en 2008 et 2009 il s'est fait dépasser par son grand rival Airbus au nombre de livraisons.

«Aussi invraisemblable que cela ait pu sembler il y a encore quelques mois, le fort rebond du trafic passager et cargo, l'amélioration du climat macroéconomique (...) et la solidité du carnet de commandes actuel ont donné à Boeing et Airbus plus de flexibilité dans leurs plannings de production que durant tout autre cycle», estime l'analyste Kenneth Herbert chez Wedbush.

«Nous pensons que le secteur a touché le creux de la vague avec 413 commandes nettes en 2009», ajoute M. Herbert, qui table sur un pic de commandes à 1400 commandes en 2014.

Avec ses augmentations de cadence, Boeing emboîte le pas à Airbus, qui a annoncé la semaine dernière qu'il produirait 36 et non plus 34 avions monocouloirs de la famille A320 par mois à compter de décembre.

L'A320 se rapproche du 737, pour lequel Boeing n'a pas relevé la cadence de production, même si certains analystes estiment que c'est envisageable à moyen terme.

Le 777 de son côté doit entrer en concurrence à terme avec un nouveau modèle Airbus, l'A350, dont le premier exemplaire doit être livré en 2013, et Boeing entend tirer tout le profit possible de l'absence actuelle de concurrence sur ce gros porteur.