Le souhait exprimé par la société aérienne Emirates d'accroître ses services au Canada, les taxes gouvernementales et les frais élevés menacent tous la possibilité pour Montréal de devenir une importante plaque tournante internationale, affirme le président et chef de la direction d'Air Canada (T.AC.B), Calin Rovinescu.

Même si l'Aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, principal aérodrome de Montréal, ne sera jamais en mesure de devancer l'Aéroport international Pearson de Toronto, il présente un potentiel pour un plus grand achalandage, a indiqué lundi M. Rovinescu à des chefs d'entreprise de Montréal.

L'an dernier, un total de 12,8 millions de passagers sont passés par l'aéroport montréalais, dont six millions par le biais d'un vol d'Air Canada. Depuis 2004, le trafic passager d'Air Canada à Montréal a progressé de 25% tandis que sa capacité s'est accrue de plus de 18%.

Bien que la croissance de l'aéroport Trudeau soit grandement dépendante de la santé de l'économie, la gestion du trafic de correspondance sera un facteur clé pour l'aéroport dans sa transformation en plaque tournante, a estimé M. Rovinescu.

Cela pourrait cependant être menacé si Emirates, une ligne aérienne de Dubaï, parvient à «larguer sa capacité excédentaire» au Canada et à attirer les passagers qui prennent une correspondance au pays.

«La croissance d'aéroports tels que celui de Montréal qui dépend du trafic en correspondance serait arrêtée», a affirmé M. Rovinescu lors d'une allocution prononcée devant le Cercle canadien de Montréal.

Pour la deuxième fois en semaine, le dirigeant d'Air Canada a profité d'un discours pour s'en prendre à la société aérienne des Emirats arabes unis en raison de ses efforts de croissance au pays.

Le caractère concurrentiel de Montréal-Trudeau en tant que plaque tournante est également menacé par les frais directs et indirects, a-t-il indiqué lundi.

Air Canada paie en moyenne quelque 1000 $ en frais supplémentaires pour qu'un de ses Airbus A320 puisse atterrir à Montréal, soit environ le double de ce qu'il en coûte aux sociétés aériennes américaines pour se poser à un important aéroport aux États-Unis. Il en résulte un désavantage pour les transporteurs canadiens et des billets d'avion pour chers pour leurs passagers.

Le tiers des passagers d'Air Canada qui passent par Montréal-Trudeau commencent leur voyage ailleurs. L'adhésion d'Air Canada au réseau Star Alliance devrait faire grimper ce nombre. Par exemple, l'ajout récent de Brussels Airlines au réseau augmentera le trafic vers l'Afrique, qui n'est actuellement que de cinq%.

L'ascension vers le statut de plaque tournante passe aussi par de meilleurs moyens de transport entre l'aéroport montréalais et le centre-ville, a par ailleurs noté M. Rovinescu.

Le cours des actions d'Air Canada a terminé la séance de lundi à 1,69 $ à la Bourse de Toronto, en baisse de trois cents par rapport à son taux de clôture précédent.