Jusqu'ici, l'industrie aéronautique québécoise est demeurée sur sa faim en ce qui concerne les retombées des contrats militaires du gouvernement Harper. Elle entend cependant se reprendre avec les contrats qu'accordera Boeing pour le soutien en service de l'hélicoptère Chinook CH-147.

Boeing a organisé une rencontre avec une centaine de fournisseurs potentiels la semaine dernière à Ottawa pour décrire les mandats qui seront attribués. Il y avait là plusieurs entreprises québécoises, et notamment des PME.

Le Québec représente un peu plus de 50% de l'industrie aéronautique canadienne. Mais jusqu'ici, les retombées industrielles liées aux contrats de la défense n'ont pas reflété cette proportion.

Un exemple extrême: il y a quelques semaines, le gouvernement canadien a annoncé qu'il avait accordé à Lockheed Martin un contrat de 723 millions de dollars pour le soutien des avions de transport C-130J au cours des six premières années de service. En retour, Lockheed Martin doit générer des retombées d'une valeur équivalente au Canada. Or, sur les cinq entreprises qu'elle a choisies jusqu'ici, aucune n'est originaire du Québec. On parle ainsi de Cascade Aerospace, de Colombie-Britannique, de Standard Aero, du Manitoba, de HAAS, d'Ontario, de Safran Electronics, d'Ontario, et d'IMP Aerospace Group, de Nouvelle-Écosse.

«De façon générale, pour l'ensemble des achats, les retombées ne sont pas aussi importantes pour l'aérospatiale du Québec que ce que nous aurions espéré, a déclaré le président-directeur général de l'Association québécoise de l'aérospatiale, Jacques Saada, mesurant ses mots. Il y a eu de belles annonces pour les entreprises du Québec, mais au point de vue du volume et de la qualité des retombées, nous sommes encore au niveau de l'espoir, et non pas au niveau de la réalisation.»

Il a noté que des entreprises comme Héroux-Devtek, fabricant de trains d'atterrissage de Longueuil, et RTI Claro, spécialiste dans l'usinage de pièces de titane établi à Laval, avaient reçu des contrats particulièrement intéressants. L'industrie québécoise espérait cependant recevoir davantage de mandats importants.

M. Saada a toutefois rappelé qu'il restait encore bien des contrats à attribuer. En outre, les entreprises qui ont reçu de plantureux contrats pourraient sous-traiter une partie importante de leurs travaux.

C'est ainsi qu'Héroux-Devtek est confiante de pouvoir obtenir un contrat pour la réparation des trains d'atterrissage du C-130J de la part de Cascade Aerospace.

«Nous faisons déjà la réparation des trains d'atterrissage du C-130 pour l'armée américaine, a déclaré le président et chef de la direction d'Héroux-Devtek, Gilles Labbé. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas le faire pour le C-130J. C'est exactement le même train d'atterrissage.»

Héroux-Devtek fonde également beaucoup d'espoir sur le Chinook. L'entreprise fabrique déjà des trains d'atterrissage pour ce type d'hélicoptère et a obtenu une licence pour la fabrication de pièces de rechange.

«Avec l'expérience acquise, nous avons tout en main pour être capables de réparer les trains d'atterrissage et fournir les pièces de rechange lorsque le besoin se fera ressentir, a affirmé M. Labbé. Je ne vois pas pourquoi nous ne serions pas impliqués.»

L-3 MAS Communications, entreprise de Mirabel spécialisée dans les services de soutien à l'aviation militaire, a essayé d'obtenir des contrats pour le soutien du C-130J. Elle n'a pas été sélectionnée. Elle repassera à l'attaque avec le Chinook.

«Boeing a présenté sept mandats, dont des travaux d'ingénierie, d'entretien, de publications techniques, a dit le président de L-3 MAS, Sylvain Bédard. Il n'y a pas beaucoup de ces mandats qui ne nous intéressent pas.»

En outre, Boeing est déjà un bon client de L-3 MAS. Dans le passé, Boeing a octroyé à l'entreprise de Mirabel d'importants contrats pour la modernisation des CF-18 de la Défense nationale du Canada.

«Avec les relations que nous avons, nous sommes très bien positionnés, a lancé M. Bédard. Mais ce n'est jamais gagné, ces choses-là.»

Boeing commencera à attribuer les contrats liés au soutien des Chinook vers la fin de 2010.