Le train à grande vitesse entre New York et Montréal que plusieurs attendaient a définitivement pris la voie de garage.

Il ne fait pas partie des 13 projets qui bénéficieront d'un financement de Washington en vertu de l'American Recovery et Reinvestment Act (ARRA), tel qu'annoncé hier par le président Barack Obama. Ces projets, qui touchent 31 États américains, se partageront 8 milliards US.

Dans la volumineuse documentation rendue publique hier, l'administration américaine a mentionné le couloir New York-Montréal. Mais c'était uniquement pour annoncer la construction de 5 kilomètres de voies pour réduire la congestion sur le trajet actuel. Ce projet devrait permettre aux trains d'améliorer de 12,5% le respect des horaires.

 

«De futurs efforts porteront sur l'amélioration de la vitesse et de la fiabilité sur ce corridor» a promis Washington.

Les projets annoncés par le président Obama hier représentent toutefois des occasions intéressantes pour Bombardier, Alstom et les autres grands manufacturiers de trains à grande vitesse.

«C'est un pas dans la bonne direction, a affirmé le porte-parole de Bombartier Transport, Talal Zouaoui. Nous analysons ce qui a été mis sur la table pour en voir les répercussions. Nous voulons notamment voir quelle proportion des sommes ira aux infrastructures et quelle proportion ira au matériel roulant.»

Pour sa part, le porte-parole d'Alstom à Washington, Tim Brown, s'est dit excité par les occasions qui vont se présenter.

C'est la Californie qui sort gagnante de la grande distribution annoncée hier. L'État avait demandé au gouvernement fédéral 4,7 milliards US pour un train à grande vitesse devant relier Sacramento, San Francisco, Los Angeles et San Diego. La California High Speed Rail Authority avait notamment fait valoir que, parmi tous les projets de trains «à grande vitesse» présentés au gouvernement fédéral, seul le sien pouvait véritablement utiliser le terme «grande vitesse», puisqu'il pourra rouler à 320 kilomètres à l'heure. La Californie avait également soutenu que son projet était le plus avancé de tous, puisque les Californiens avaient déjà adopté une résolution prévoyant l'émission d'obligations, d'une valeur de 9,95 milliards US, pour financer une partie du projet.

Le président Obama a annoncé hier que son administration versera 2,3 milliards US au projet californien. L'administration du gouverneur Arnold Schwarzenegger versera une somme équivalente, ce qui permettra de commencer à mettre en place près de 1290 kilomètres de voie, d'améliorer 1415 kilomètres additionnels et de planifier de 440 kilomètres supplémentaires.

Le projet floridien

De son côté, un projet de train à grande vitesse en Floride recevra 1,25 milliard US de la part de l'administration américaine. Cette somme permettra à la Florida High Speed Train Authority d'entreprendre la construction du tronçon Tampa-Orlando, d'une longueur de 135 kilomètres, un projet qui devrait être terminé en 2014. Le gouvernement floridien entend construire par la suite un tronçon de 390 kilomètres entre Orlando et Miami.

En 2003, la Florida High Speed Train Authority avait choisi Bombardier et son partenaire, Fluor Corporation, en tant que soumissionnaires privilégiés pour un projet semblable. Bombardier devait construire les voitures du JetTrain à La Pocatière et les faire assembler à Plattsburgh, dans l'État de New York. Le gouvernement de Jeb Bush avait toutefois renvoyé le projet sur la voie de garage en 2004.

M. Zouaoui a toutefois indiqué que le JetTrain ne faisait plus partie du portefeuille de produits de Bombardier. L'entreprise fait maintenant la promotion de l'Acela, un train à haute vitesse qui relie présentement Washington à New York, et le Zefiro, un nouveau train à très grande vitesse.

Outre ses bonnes relations avec la Floride, Bombardier peut compter sur un certain nombre d'avantages aux États-Unis. «Nous sommes un manufacturier installé aux États-Unis depuis très longtemps et nous avons livré le premier train à grande vitesse dans ce pays, l'Acela», a fait valoir M. Zouaoui.

M. Brown a défendu de son côté les chances d'Alstom. «Nous avons une présence significative aux États-Unis et nous avons 30 ans d'expérience dans les trains à très grande vitesse», a-t-il fait valoir.