Airbus devrait avoir réalisé une année 2009 record en termes de livraisons d'avions, en dépit de la crise qui a touché les compagnies aériennes, mais reste confronté à des problèmes de production de son avion géant, l'A380.

L'avionneur européen aurait livré exactement 498 appareils aux compagnies aériennes, contre 483 en 2008, qui était déjà un cru exceptionnel, selon le quotidien La Tribune. Il aurait ainsi battu son record, comme il l'espérait, et probablement conservé son ascendant sur son rival américain Boeing.

Airbus est parvenu à gérer son important carnet de commandes avec beaucoup de flexibilité. Face à des reports de livraisons demandés par des compagnies aériennes touchées par la crise, l'avionneur a servi d'autres compagnies plus tôt que prévu initialement.

«Airbus a réussi à rééchelonner ses livraisons», explique ainsi Sandy Morris, analyste à la Royal bank of Scotland (RBS). En 2009, «il y a probablement eu 400 livraisons qui se sont faites à des clients ou à un moment différent de ce qui était prévu en début d'année».

L'environnement est aussi resté malgré tout favorable: «le financement aéronautique est resté accessible en dépit de la crise financière», ajoute M. Morris. Les compagnies, affaiblies par la baisse du trafic et la désertion des classes affaires - la catégorie de places la plus lucratives -, ont malgré tout pu acheter de nouveaux avions.

Les livraisons sont cruciales pour les avionneurs car l'essentiel du prix de l'avion est payé à ce moment-là.

Airbus reste toutefois confonté à un problème industriel majeur, avec une montée en cadence de production de l'A380 toujours problématique. Seuls 10 unités ont été livrées l'an dernier, soit moins que les 12 de 2008 et que les objectifs de l'avionneur.

Airbus prévoyait à l'origine de remettre 25 A380 aux compagnies en 2009, mais cette ambition avait peu à peu été revue à la baisse. Le dernier objectif portait sur 13 livraisons mais la direction avait reconnu qu'«une ou deux» pourraient bien être repoussées au début de 2010.

La compagnie australienne Qantas, qui attendait son avion à la toute fin de 2009, espère ainsi désormais le recevoir autour du 7 janvier.

La production a déjà souffert dans le passé d'un manque de coordination entre usines françaises et allemandes, qui s'est traduit par des problèmes de câblage électrique et finalement par une série d'importants retards de livraison.

Aujourd'hui, «le programme A380 est toujours une source de préoccupation» avait admis en novembre dernier Louis Gallois, président exécutif d'EADS, maison mère d'Airbus.

La production de l'appareil est éclatée entre des sites allemands, britanniques, français et espagnols, ce qui ne simplifie pas les choses. «C'est le risque énorme: si un des maillons a un problème, toute la chaîne a un problème», souligne Hubert Prévaud, du syndicat CGT.

Sur cet avion déjà complexe, la tâche est rendue d'autant plus difficile que chaque compagnie aérienne bénéficie d'un aménagement personnalisé de la cabine. Certaines en font un avion de luxe avec des douches à bord, tandis que d'autres veulent y mettre le plus de sièges possibles.

«On a vendu un appareil très sophistiqué au niveau de la cabine, qui demande à chaque fois des configurations particulières en fonction des aménagements demandés par les compagnies aériennes», explique Françoise Vallin, du syndicat CFE-CGC. «Il y a donc une adaptation sur ce programme qui est beaucoup plus lourde» que sur d'autres avions.