L'attentat raté du vol Amsterdam-Detroit devrait se traduire par une pluie de contrats pour les entreprises spécialisées dans la sécurité aérienne, en particulier les fabricants de scanners corporels, technologie qui pourrait être généralisée dans les aéroports.

Ces scanners, qui ressemblent à des cabines, permettent de voir ce qu'un passager dissimule éventuellement sous ses vêtements et notamment des substances invisibles pour les détecteurs classiques.

Les Pays-Bas ont déjà annoncé que des scanners corporels seraient utilisés d'ici trois semaines pour tous les vols vers les États-Unis depuis l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol, et la Grande-Bretagne et le Nigeria envisagent d'en installer rapidement dans leurs aéroports.

Aux États-Unis, ils sont déjà à l'oeuvre dans 19 aéroports et leur utilisation pourrait être étendue.

«Les États-Unis comptent à eux seuls 450 aéroports et environ 2000 points de contrôle. Cela donne une idée du potentiel» de ce marché, remarque Joe Reiss, porte-parole d'American Science and engineering (ASEI), l'un des quatre principaux fabricants mondiaux de scanners corporels, interrogé par l'AFP.

Le marché mondial des scanners corporels se partage entre quatre fabricants principaux: les américains L-3 Communications, ASEI, Rapidscan (filiale de OSI) et le britannique Smiths Detection.

«Il est encore trop tôt» pour voir l'impact direct de l'attentat manqué sur les commandes de scanners corporels, «car les commandes gouvernementales prennent du temps», fait valoir Joe Reiss.

Mais les investisseurs, eux, semblaient parier sur des carnets de commandes pleins à court terme.

«L'annonce de l'attentat manqué était tout sauf une mauvaise nouvelle pour L-3 Communications», constatent dans une note les analystes de Deutsche Bank, remarquant que l'action de l'entreprise a pris 2% sur les séances de lundi et mardi, atteignant mardi un sommet depuis 14 mois.

Le titre d'ASEI a pris 10% au cours des séances de lundi et mardi et celui d'OSI Systems 15%.

Un scanner corporel coûte environ 100 000$US, bien plus que les 10 000$US que coûte un portique de détection de métaux classique, mais moins que les 150 000$US à débourser pour la dernière génération de scanner de bagages cabines à rayons X, affirme M. Reiss.

Il précise aussi que les scanners pour bagages enregistrés, plus volumineux, coûtent 1 million de dollars pièce.

Outre les scanners corporels, les services liés à la sécurité des aéroports et des avions en général, également proposés par L-3 Communications et OSI Systems, devraient également voir leur demande augmenter, et bénéficier à des entreprises plus petites comme Firstline, spécialisée dans le personnel de sécurité et de contrôle et dans les entraînements pour les personnels de sécurité.

Le groupe Covenant fournit, lui, des services de contrôles d'aéroport mais aussi de sécurité des zones aéroportuaires.

ICX Technologies, dont l'action s'est également envolée sur les marchés depuis lundi, propose lui des détecteurs de substances chimiques, biologiques ou nucléaires, utilisables notamment pour contrôler les liquides dans les aéroports.

Parmi les autres techniques de pointe amenées à se développer dans les aéroports, l'agence américaine de sécurité des transports (TSA) énumère sur son site internet les cartes d'embarquement sans papier, les technologies biométriques, les scanners pour prothèses et plâtres, ou des «détecteurs à explosifs, petits et maniables».