Aussi étrange que cela puisse paraître, Transat A.T. (T.TRZ.B) tirera profit cet hiver de la récession mondiale. Comme les Américains et les Européens sont moins nombreux à se rendre sur les plages ensoleillées, le voyagiste montréalais bénéficie de meilleurs prix sur ses chambres d'hôtel.

«C'est assurément 5% de moins et on espère faire encore mieux», a expliqué hier le chef des finances de Transat A.T., Denis Pétrin, au cours d'une téléconférence pour présenter les résultats de l'entreprise au quatrième trimestre de 2009. Des résultats qui ont surpassé de beaucoup les attentes du marché et propulsé le titre du voyagiste, qui a pris 13,7%, à 20,00$, à la Bourse de Toronto, enregistrant du même souffle un nouveau sommet annuel.

En entretien avec La Presse Affaires, M. Pétrin se garde de faire des prévisions d'économies sur les hôtels. Il fournit toutefois assez d'informations pour qu'on conclue que Transat épargnera ainsi environ 30 millions de dollars pour l'année en cours. «On pourrait faire une hypothèse comme celle-là», se contente-t-il de dire.

La réduction de coût des hôtels se fera surtout sentir pendant le trimestre en cours et le prochain, période pendant laquelle Transat vend ses forfaits dans le Sud.

Pour le trimestre terminé à la fin d'octobre, il faut chercher ailleurs pour trouver des économies qui ont fait passer le bénéfice net à 18,1 millions, comparativement à une perte de 82,4 millions il y a un an.

Par action, ce bénéfice est passé à 52 cents, par rapport à une perte de 2,54$ l'an dernier. À l'image du marché, David Newman, de la Financière Banque Nationale, s'attendait à un profit de 29 cents. Il venait tout juste, lundi, de hausser sa prévision de 22 cents à 29 cents. Ce sont des résultats «très forts», dit-il.

M. Newman salue particulièrement la façon dont Transat a réussi à réduire ses coûts, puisque les revenus sont en légère baisse. D'abord, en réorganisant ses façons de faire. Ensuite, en s'entendant avec CanJet sur l'utilisation de 14 Boeing 737 moins coûteux à exploiter. Si l'entreprise estime avoir fait des économies de 5 millions au cours du dernier trimestre, M. Newman croit qu'avec une plus grande utilisation de ces appareils l'hiver, les économies pourraient être de 25 à 35 millions annuellement.

Enfin, souligne M. Newman, l'équipe de Transat a réussi à «garder les avions pleins».

En plus, avec le prix du carburant en baisse, l'entreprise a réussi à réduire sa facture «de 15% à 20%» pendant le dernier exercice, dit M. Pétrin. Sur une facture annuelle de carburant de 160 millions, ça paraît.

Le chef des finances nuance toutefois: comme tous les transporteurs ont bénéficié de cette baisse, la réduction s'est retrouvée dans les poches des vacanciers plus que dans les coffres de Transat, dit-il.

Pour le trimestre en cours, afin d'éviter une trop forte baisse des prix, le voyagiste a réduit son offre de sièges de 9%. Malgré cela, les prix sont en légère baisse, de 3%, par rapport à l'an dernier.

Jean-Marc Eustache, grand patron de Transat A.T., n'a pas manqué de souligner, pendant la téléconférence, que des concurrents comme Vacances Air Canada et WestJet, eux, augmentent leur offre. «C'est à cause de gars comme ça qu'on ne peut pas faire l'argent comme on devrait», s'est-il plaint.

L'an dernier, les bas prix ont amené 15% de plus de Canadiens à prendre des vacances dans le Sud.

LE 4e TRIMESTRE

(en millions $)

BÉNÉFICE NET

2009

+18,1

2008

-82,4

REVENUS

2009

719,7

2008

790,4

Source : Transat A.T. inc.