United Airlines a annoncé mardi une commande géante partagée entre Airbus et Boeing, tirant parti du contexte économique sinistré et de la concurrence entre les deux avionneurs pour renouveler à bon prix une flotte menacée de vétusté.

La compagnie aérienne américaine a annoncé qu'elle attendait entre 2016 et 2019 la livraison de 25 Airbus A350 et de 25 exemplaires du tout nouvel appareil de Boeing, le 787 «Dreamliner». Elle a en outre placé une option pour acheter 50 exemplaires supplémentaires de chacun des deux appareils.

Au prix catalogue, cette première commande de United depuis 1998 représente une dizaine de milliards de dollars, dont 6 milliards de dollars pour Airbus.

Mais le directeur commercial de l'avionneur européen, John Leahy, a convenu dans un entretien avec l'AFP qu'une ristourne avait été consentie. «Je peux vous confirmer qu'ils n'ont pas payé le prix catalogue», a-t-il dit, sans vouloir en dire davantage.

«C'est une commande opportuniste, au plus bas du cycle économique», s'est réjouie la directrice financière de United, Kathryn Mikells, lors d'une conférence de presse téléphonique.

Financièrement, a souligné l'analyste Helane Becker de la maison de courtage Jesup and Lamont, l'opération a un impact «minimal» pour le transporteur: seulement 150 millions de dollars changeront de main avant les livraisons et United s'est assuré des facilités de crédit avantageuses.

«En fin de compte, notre décision a été fortement basée sur des considérations économiques», a souligné Mme Mikells. La compagnie a en outre réussi a obtenir de ses fournisseurs «une large flexibilité», se ménageant le droit de reporter des livraisons ou de faire des substitutions dans les choix d'avions, a-t-elle ajouté.

Malgré tous les sacrifices qu'ont dû consentir les avionneurs, l'analyste britannique Nick Cunningham, du cabinet Evolution Securities, a salué «une belle victoire pour Airbus sur le marché américain», alors que jusqu'à présent, «mis à part les moyen-courriers d'Airbus A320, United était avant tout un client Boeing».

«De toute évidence, nous aurions préféré» avoir l'intégralité de la commande, a commenté le directeur financier de Boeing Jim Bell, tout en assurant, lors d'une conférence d'analystes, que l'annonce du transporteur «dépassait (ses) attentes».

L'analyste Ron Epstein, de Bank of America Merrill Lynch, était moyennement enthousiaste pour Boeing. «Nous ne trouvons pas que cette commande soit très importante pour le carnet de commandes», estimait-il, relevant lui aussi la «pression sur les prix» exercée par le transporteur.

Pour United Airlines, le choix de ces avions illustre selon le PDG Glenn Tilton la «discipline sur les capacités»: les nouveaux appareils étant de plus petite taille que ceux qu'ils remplacent, ce renouvellement de la flotte entraînera une réduction de 10% du nombre de sièges disponibles sur ses liaisons internationales.

La compagnie compte également sur une réduction de ses émissions polluantes et de ses coûts de maintenance, et de nouvelles possibilités de vols directs.

Quant à savoir si cette commande annonce la fin de la crise pour le transport aérien, les analystes sont dubitatifs, vu que les livraisons attendront le prochain cycle économique.

Pour Helane Becker toutefois, United Airlines bénéficie de «tendances positives»: «nous pensons que 2010 verra une augmentation des voyages d'affaires qui permettra à United d'être bénéficiaire».

Déjà United a enchaîné deux trimestres pratiquement à l'équilibre, après avoir taillé dans les coûts, alors que 2008 avait été catastrophique (perte de 5,35 milliards de dollars).

L'action United gagnait 0,71% à 9,89$ vers 15h30 à la Bourse de New York. Celle de Boeing cédait 0,21% 55,70$.