La grève du Canadien National (T.CNR) devrait prendre fin demain alors que les libéraux voteront en faveur du projet de loi du gouvernement Harper ordonnant le retour au travail des 1700 mécaniciens de locomotive. Les pourparlers entre le syndicat et la direction du CN sont rompus depuis le déclenchement de la grève vendredi dernier à minuit.

S'il est adopté comme prévu, le projet de loi déposé hier en Chambre par le gouvernement Harper mettra fin à la grève et laissera un arbitre trancher le différend entre le syndicat des Teamsters et le plus grand transporteur ferroviaire au pays. «C'est dans l'intérêt du public que nous agissions rapidement afin que cette grève se termine sans conséquence néfaste pour notre économie. Le réseau du CN est une partie vitale de notre économie, surtout en ces temps difficiles», a dit la ministre fédérale du Travail, Rona Ambrose.

Sans l'appuyer publiquement, les libéraux de Michael Ignatieff ont adopté un ton plus conciliant que les autres partis de l'opposition à l'égard du projet de loi déposé hier par le gouvernement Harper. «Je pense qu'il faut trouver une solution, car on n'a pas le luxe d'avoir un blocage de la sorte (la grève du CN) dans l'économie canadienne», a dit le député libéral Bob Rae.

Selon des sources libérales, les députés de Michael Ignatieff devraient voter en faveur du projet de loi conservateur, même s'ils préfèrent le scénario d'une entente négociée entre le syndicat et la direction avant le vote de demain. «Le syndicat et la direction du CN ont deux jours pour s'entendre», a confié une source libérale à La Presse.

Le Bloc québécois et le NPD ont indiqué hier qu'ils voteront contre le projet de loi du gouvernement si le vote a lieu cette semaine. «C'est un peu rapide de déposer une loi après 48 heures de moyens de pression, a dit le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. Je laisserais aux parties un peu plus de temps avant d'imposer un retour au travail.»

La direction du CN n'appuie pas le projet de loi du gouvernement conservateur. «Nous comprenons les préoccupations du gouvernement par rapport à l'incidence possible d'une grève sur l'économie, mais nous préférons une entente négociée», a dit Bryan Tucker, porte-parole du CN.

Selon le syndicat, les parties seraient tout près d'une entente sur le plan salarial, mais les négociations achoppent sur l'harmonisation de la distance maximale parcourue par les ingénieurs de locomotive, que la direction veut augmenter de 3800 à 4300 milles par mois. La semaine moyenne de travail des mécaniciens de locomotive passerait alors de 37 à 41 heures.

Aucune séance de négociations entre le syndicat et la direction du CN n'est à l'horaire aujourd'hui. Une situation qui pourrait changer rapidement avec la perspective d'une loi spéciale ordonnant la reprise du travail des grévistes au menu législatif demain à Ottawa.