L'irruption de Warren Buffett dans le transport ferroviaire ne devrait pas déclencher une vague de fusions et d'acquisitions. Par contre, elle montre que cette industrie est prometteuse.

«Le fait que l'investisseur le plus intelligent du monde investisse dans les chemins de fer prouve que les bases de cette industrie sont solides, a déclaré David Newman, un analyste de la Financière Banque Nationale, dans un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. Le transport ferroviaire a des avantages comparatifs à long terme sur tous les autres modes de transport, y compris le transport par camions.»

Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, a dit s'attendre à ce que l'acquisition de Burlington Northern Sante Fe par Berkshire Hathaway stimule le prix des actions des grands chemins de fer des deux côtés de la frontière.

L'action du Canadien Pacifique a effectivement fait un bond de 3,2% pour clôturer à 48,75$ à la Bourse de Toronto hier. Par contre, l'action du Canadien National n'a augmenté que de 1,8% pour clôturer à 53,50$.

David Newman a indiqué qu'avec une capitalisation boursière de 8,2 milliards, le CP pourrait faire l'objet d'une acquisition, étant plus petite, plus «facile à digérer» que le CN, avec une capitalisation boursière de 25,1 milliards.

«Le CN ne peut pas acquérir le CP en raison des règles du Bureau de la concurrence, a toutefois rappelé M. Newman. Quant aux transporteurs ferroviaires américains, il leur aurait été plus facile d'acquérir le CP il y a quelques années, avant que ce dernier n'achète DM & E (Dakota, Minnesota and Eastern Railroad), la plus importante société de chemins de fer régionale des États-Unis. Il leur serait maintenant plus difficile d'obtenir l'approbation du Surface Transportation Board.»

Par contre, un investisseur stratégique qui n'est pas déjà présent dans le transport ferroviaire pourrait plus facilement mettre la main sur le CP.

«Plusieurs fonds présents dans les infrastructures sont intéressés à différents types d'actifs dans cette catégorie, a affirmé M. Newman. Selon moi, il serait naturel de se tourner vers les chemins de fer, qui font partie du tissu de la nation et qui sont au coeur du commerce continental.»

Une telle acquisition ne serait cependant pas pour demain.

«Il faudrait que le marché des infrastructures se réchauffe à nouveau et que le crédit devienne plus accessible», a déclaré l'analyste de la Financière Banque Nationale.

Le Canadien National est beaucoup moins susceptible de faire l'objet d'une acquisition.

«Le CN ne peut pas vraiment être acquis par une autre société de chemin de fer, a affirmé M. Newman. Un investisseur stratégique pourrait-il se présenter? Qui peut le dire? Mais il n'y a pas beaucoup de Berkshire Hathaway dans le monde qui peuvent se permettre une acquisition de cette envergure.»

Le CN et le CP se sont montrés plutôt discrets hier.

«Nous avons comme politique de ne pas commenter les transactions qui impliquent d'autres parties», a déclaré le porte-parole du CN, Bryan Tucker.

Le porte-parole du CP n'a pas non plus voulu faire de commentaires.

David Newman estime que le CN devrait être une des premières sociétés de chemin de fer à sortir de la crise, notamment en raison de sa capacité et de sa solide performance en matière de contrôle des coûts.

Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, s'est également montré optimiste au sujet du CN, en faisant passer sa recommandation de «conserver» à «acheter».

«Alors que nous demeurons prudent face au secteur ferroviaire dans son ensemble, nous croyons qu'un surclassement est de mise pour le CN, la meilleure entreprise du secteur, compte tenu du rendement potentiel qu'elle offre, a-t-il indiqué. Elle est bien positionnée pour continuer à enregistrer des gains de productivité au fur et à mesure que les volumes se rétabliront.»