La première compagnie aérienne japonaise, Japan Airlines (JAL), malmenée par la crise et à la recherche d'argent, a annoncé mardi la suppression de 6.800 postes et la tenue de discussions avec d'autres compagnies en vue d'un partenariat.

JAL prépare une réorganisation de ses lignes d'une ampleur sans précédent, a déclaré son président exécutif, Haruka Nishimatsu, lors d'une rencontre avec les journalistes.

«Nous devons réduire nos frais fixes», a-t-il justifié.

Il s'agit d'un nouveau plan de restructuration chez JAL, après déjà plusieurs milliers d'emplois sacrifiés ces dernières années.

Face aux difficultés qu'affronte la compagnie, déficitaire à cause de revenus en chute, le ministère des Transports a réuni un panel d'experts pour lui prodiguer des conseils afin d'aider son redressement, en échange d'une garantie financière.

Dans un document de travail, le ministère recommandait à JAL la levée de fonds extérieurs, la coopération avec d'autres compagnies et le développement d'un réseau court-courrier desservi avec des avions de petite taille.

Les experts extérieurs se sont aussi prononcés pour des refontes en profondeur du fonctionnement du groupe afin de faire de durables économies structurelles.

JAL a présenté une ébauche de son projet mardi à cet aréopage. La version définitive sera connue d'ici la fin du mois.

La compagnie, qui a subi une perte nette record au cours des trois premiers mois de son année budgétaire 2009-2010, est par ailleurs en discussion avec plusieurs acteurs du secteur aérien étrangers en vue d'un partenariat accompagné de liens capitalistiques.

«Rien n'est décidé pour le moment, mais nous y travaillons activement avec l'ambition d'aboutir à un accord vers la mi-octobre», a déclaré M. Nishimatsu.

Les compagnies américaines concurrentes Delta Air Lines et American Airlines sont au centre de ces négociations, selon les proches du dossier et des sources ministérielles.

L'une de ces deux rivales pourrait investir dans JAL. Cette dernière estime avoir besoin au total de 250 milliards de yens (1,8 milliard d'euros) de fonds supplémentaires au cours de cette année budgétaire qui s'achèvera en mars 2010.

Delta serait prête à contribuer à hauteur de 30 ou 50 milliards de yens.

Quelques dizaines de milliards de plus pourraient venir d'autres compagnies partenaires, y compris européennes et asiatiques.

Les banques conditionnent quant à elles une éventuelle aide additionnelle à des efforts de la compagnie et à un plan d'assainissement crédible à long terme.

«Bien entendu, des nouvelles suppressions de lignes non rentables et réduction de personnel apparaissent nécessaires, mais cela ne résoudra pas le problème récurrent de JAL», commente Makoto Murayama, analyste spécialiste des transports chez Nomura Securities.

«La compagnie doit impérativement trouver un moyen de réduire la pension d'entreprise versée aux retraités et qui pèse sur ses comptes chaque année», a-t-il précisé. Ce dossier des retraites plombe les finances et l'ambiance au sein du groupe depuis des années.

«Ce ne sont pas les coûts du personnel qui sont la cause majeure du déficit de JAL», proteste une association de retraités de la compagnie.

Selon elle, la raison des malheurs de JAL ce sont «les investissements excessifs en matériel et le fait que la compagnie paie des taxes élevées et exploite des liaisons intérieures en trop, en raison de la politique du ministère des Transports qui a construit des aéroports là où la demande n'existe pas».