Avec la menace d'une épidémie de grippe A (H1N1) à l'horizon et une économie encore fragile, Transat (T.TRZ.B) jouera de prudence au cours des prochains mois.

Le voyagiste entend ajuster sa capacité au moindre signe de faiblesse sur le marché du voyage. Il ne prévoit pas procéder à des acquisitions, histoire de préserver ses liquidités. Et il compte sur la restructuration effectuée ces derniers mois et l'entente conclue avec CanJet l'hiver dernier pour améliorer sa rentabilité et contrer la concurrence.

«Nous ne sommes pas en mode acquisition, a déclaré le président et chef de la direction de Transat, Jean-Marc Eustache, à l'occasion de la divulgation des résultats du troisième trimestre hier. Aujourd'hui, il est plus important de travailler sur notre profitabilité. »

La recette a déjà commencé à donner des résultats. Le bénéfice net ajusté, qui n'était que de 6 cents par action au troisième trimestre de 2008, est passé à 21 cents par action au troisième trimestre de 2009. Les analystes s'attendaient à un bénéfice net ajusté (soit avant les éléments hors trésorerie) de 9 cents par action.

Les investisseurs n'ont pas tardé à réagir : l'action de catégorie B de Transat s'est envolée de plus de 10 % pour clôturer à 14,09 $ hier à la Bourse de Toronto.

Peu de temps après la fermeture, Transat a annoncé une émission d'actions de 55,25 millions de dollars.

Les revenus de Transat ont diminué de 4,7 % pour s'établir à 819,4 millions de dollars au troisième trimestre en raison d'une diminution du nombre de passagers et d'une baisse des prix. Le voyagiste a quand même réussi à améliorer ses bénéfices grâce à une réduction des prix du carburant et à une baisse de ses coûts.

M. Eustache a attribué une partie de cette baisse à l'entente de partenariat conclue avec CanJet en février dernier, qui remplaçait une entente similaire conclue avec WestJet. L'entente initiale permettait à Transat d'utiliser les appareils de WestJet pendant les fins de semaine pour desservir des destinations vacances. Transat utilise maintenant des appareils de CanJet.

« Cette entente est de loin meilleure, a affirmé M. Eustache. Les appareils de CanJet sont des Boeing 737-800 de 189 sièges, alors que les appareils de WestJet transportaient moins de passagers. Les coûts par siège sont donc moins importants. «

Il a soutenu que les économies se feront ressentir encore davantage l'hiver prochain parce que Transat utilisera plus d'appareils de CanJet.

M. Eustache a également insisté sur une vaste réorganisation effectuée au sein de l'entreprise, qui a permis de simplifier ses structures et d'intégrer davantage ses départements.

«Contrairement à d'autres entreprises, ces réorganisations ne se sont pas soldées par de nombreuses mises à pied», a lancé le grand patron de Transat.

Cette « amélioration des processus « a causé la perte d'une quarantaine d'emplois, tous situés dans l'ouest du pays. Transat emploie 6500 personnes à l'échelle mondiale.

Le voyagiste a pu améliorer sa rentabilité en dépit du papier commercial adossé à des actifs (PCAA), qui continue à le hanter. Transat a dû enregistrer une dévaluation additionnelle de 6,9 millions au troisième trimestre. La provision totale atteint maintenant 64,3 millions, soit 47,8 % de la valeur du PCAA détenu par Transat, soit 134,6 millions.

Les perspectives concernant le quatrième trimestre sont « raisonnables «, selon l'analyste Carmeron Doerksen, de la firme Versant Partners. Les réservations sont supérieures à ce qu'elles étaient il y a un an en ce qui concerne les départs du Canada vers l'Europe. Par contre, elles sont inférieures en ce qui concerne les départs de l'Europe vers le Canada.

«Les Canadiens ont continué à voyager cette année, alors que les Européens ont coupé dans leurs dépenses de voyage, a indiqué le chef intérimaire de la direction financière de Transat, Nelson Gentilleti. Leur économie semble avoir été affectée davantage par la récession.»

Transat s'attend à ce que les prix de vente soient inférieurs, mais il croit que les prix moins élevés du carburant, et possiblement un taux de remplissage supérieur, viendront compenser cette situation.