La priorité du voyagiste Transat (TRZ.B) pour les prochains mois est simple: accroître sa rentabilité de façon notable, même s'il faut pour cela réduire la capacité et sacrifier des parts de marché durement acquises.

Si la stratégie fonctionne, l'entreprise montréalaise devrait revenir, d'ici un an ou deux, aux profits records de 2004, a déclaré son président et chef de la direction, Jean-Marc Eustache, au cours de la téléconférence tenue jeudi pour commenter les résultats du troisième trimestre.

Au cours des derniers mois, Transat a mis en place les deux principaux éléments du plan qui doit mener à ce redressement financier: la conclusion d'une nouvelle entente de nolisement d'avions avec la société CanJet et une réorganisation interne qui a entraîné la suppression d'environ 50 postes, principalement dans l'Ouest canadien.

Au troisième trimestre, qui a pris fin le 31 juillet, ces mesures ont permis à Transat d'épargner environ 10 millions $. Les économies seront encore plus importantes au cours de l'hiver, a indiqué M. Eustache.

L'accord passé avec CanJet remplace celui conclu il y a plusieurs années avec WestJet (TSX:WJA), ce transporteur ayant décidé d'accroître sa présence sur le marché des destinations soleil. Or, non seulement le partenariat avec CanJet est-il plus avantageux pour Transat au plan financier, mais il procure également au voyagiste plus de flexibilité quant à l'utilisation des appareils.

Cela tombe bien, puisque Jean-Marc Eustache redoute trois choses en vue de la saison d'hiver: un retour en force de la grippe A (H1N1), la lenteur de la reprise économique et la tendance de fond qui fait en sorte que les clients réservent leurs voyages de plus en plus à la dernière minute.

«Nous prévoyons avoir une grande flexibilité pour réduire notre capacité si nécessaire afin de nous assurer qu'en bout de piste, nous aurons une bonne rentabilité», a affirmé M. Eustache.

Contrairement à l'an dernier, Transat n'accroîtra pas son offre de vols et de forfaits pour la saison d'hiver. Vacances Air Canada et WestJet Vacations augmenteront leur capacité, ce qui ne fera que compenser pour la disparition, l'an dernier, de Conquest Vacations, selon Jean-Marc Eustache.

Dans les circonstances, Transat pourra difficilement augmenter ses parts de marché. Il s'agit d'un changement de cap par rapport aux dernières années, alors que le voyagiste cherchait à prendre de l'expansion au Canada anglais, quitte à réduire ses marges bénéficiaires.

Résultats

Au troisième trimestre, Transat a enregistré un bénéfice net de 31 millions $ (94 cents par action), comparativement à une perte nette de 895 000 $ (trois cents par action) au cours de la même période de l'an dernier.

En excluant un gain hors trésorerie de 30,6 millions $ (après impôts) découlant des contrats de couverture sur le carburant et d'une nouvelle dévaluation de 6,6 millions $ sur son papier commercial adossé à des actifs (PCAA), Transat a dégagé un bénéfice net ajusté de 7 millions $ (21 cents par action), contre 2,1 millions $ (six cents par action) l'an dernier.

Devant ces bons résultats, l'action de Transat a bondi de plus de 10 pour cent jeudi pour clôturer à 14,09 $, à la Bourse de Toronto.

La nouvelle dépréciation du PCAA de Transat est le résultat d'une récente décote, par l'agence de notation de crédit DBRS, de certaines catégories de ces placements qui ont fait les frais de la crise hypothécaire américaine.

La marge bénéficiaire de Transat a atteint 3,3 pour cent au troisième trimestre, en nette hausse par rapport à celle de 1,7 pour cent inscrite il y a un an. En plus des réductions de coûts, l'entreprise a profité de la chute des prix du carburant. M. Eustache a dit rêver d'une marge de quatre pour cent à moyen terme.

Les revenus du trimestre ont reculé de 4,7 pour cent pour atteindre 819,4 millions $, à cause d'une diminution des volumes et des baisses de prix.

«Ces résultats, obtenus durant un trimestre marqué par une économie en récession, une éclosion de grippe et une offre qui demeure abondante, sont satisfaisants dans les circonstances», a estimé Jean-Marc Eustache.

Echaudé par d'importantes pertes provenant de ses contrats de couverture sur le carburant, Transat a décidé de mettre à jour sa politique à cet égard, puisqu'elle était devenue «obsolète». Le voyagiste continuera de se protéger, mais le fera moins longtemps à l'avance de façon à éviter de pâtir des fluctuations importantes et rapides des cours du brut.

Dans la foulée des pertes sur ces contrats et sur le PCAA, François Laurin a quitté le poste de chef de la direction financière de Transat en avril. La minière Consolidated Thompson (TSX:CLM) vient de le recruter.

Pour l'ensemble de l'exercice, M. Eustache a dit s'attendre à ce que les résultats soient légèrement inférieurs à ceux de l'an dernier. Pour les neuf premiers mois de 2008-09, les revenus sont en hausse de 3,8 pour cent, mais la marge bénéficiaire a fondu, passant de 104,6 à 57,8 millions $.

«Nous sommes encouragés par les résultats du troisième trimestre, qui ont surpassé les prévisions, et les perspectives raisonnables pour le quatrième trimestre», a écrit l'analyste Cameron Doerksen, de la firme Partenaires Versant, dans une note.

Après la fermeture des marchés, jeudi, Transat a annoncé le placement de 4,25 millions d'actions au prix de 13 $ chacune, ce qui lui rapportera 55,3 millions $. Une option de surallocation permettra aux preneurs fermes d'acheter jusqu'à 637 500 actions de plus au même prix.