Les investissements massifs de Washington dans des projets de trains rapides pourraient être l'occasion pour Bombardier (T.BBD.B) d'accroître ses parts de marché aux États-Unis et de gonfler les carnets de commandes de ses usines de La Pocatière et de Thunder Bay.

L'administration du président Barack Obama s'est engagée à consacrer 8 milliards $ US de son plan de relance économique au rail, en plus de verser à ce secteur 1 milliard $ US par année au cours des cinq prochaines années, pour un total de 13 milliards $ US.

«Le président a exprimé son souhait de laisser en héritage un réseau de trains rapides», a déclaré Robert Furniss, vice-président du développement des affaires de Bombardier Transport aux États-Unis, au cours d'un récent entretien téléphonique.

«Il s'agit d'un important pas en avant», a-t-il ajouté.

Jusqu'ici, les États ont soumis dans le cadre de ce programme des projets totalisant plus de 100 milliards $ US au gouvernement fédéral - et ils ont jusqu'au 24 août pour présenter d'autres demandes. Devant ce vif intérêt, le Congrès songe à faire passer l'enveloppe budgétaire de 13 à plus de 20 milliards $ US.

Si tout va comme prévu, les premiers appels d'offres devraient être lancés d'ici la fin de l'année, une fois que Washington aura décidé quels projets privilégier. Bombardier et ses concurrents devront alors sélectionner les projets pour lesquels ils veulent soumissionner.

«Nous préconisons les projets que nous savons que nous pouvons bien faire et nous laissons de côté ceux pour lesquels nous ne nous sentons pas bien positionnés ou bien qualifiés», a expliqué M. Furniss. Pour chaque projet, Bombardier évalue l'intensité de la concurrence, la compétitivité de ses produits et le réalisme de la planification des promoteurs.

Une chose est sûre, cette vague de projets ferroviaires sera l'occasion pour Bombardier Transport d'augmenter ses parts de marché dans le pays, a assuré Robert Furniss. Le constructeur est déjà le plus important joueur de l'industrie au sud de la frontière, devant ses éternels rivaux Alstom et Siemens ainsi que des entreprises de plus petite taille.

Retombées au Canada?

Les investissements se traduiront vraisemblablement par de nouveaux contrats pour Bombardier Transport aux États-Unis. Inévitablement, les installations du constructeur situées à La Pocatière, dans le Bas-Saint-Laurent, à Thunder Bay, dans le Nord ontarien, et à Mexico en profiteront.

Les règles américaines stipulent que la majorité des composants du matériel roulant financé par des fonds fédéraux doit provenir des États-Unis. De plus, l'assemblage final doit être effectué dans le pays.

Pour se conformer à ces exigences, Bombardier fabrique généralement les caisses des voitures dans ses installations canadiennes, avant de les envoyer à Plattsburgh, dans l'État de New York, pour l'assemblage final.

Bien sûr, tous les États aimeraient bien attirer une usine de Bombardier Transport sur son territoire. M. Furniss ne ferme pas complètement la porte à cette éventualité, mais souligne qu'il faudrait un important contrat pour justifier la mise sur pied de nouvelles installations.

Le programme ferroviaire de Washington comporte deux volets: l'un pour l'amélioration des voies ferrées existantes, et un autre pour la création de nouveaux corridors à grande vitesse.

Dans le premier cas, il s'agit de faire passer la vitesse des trains de quelque 130 km/h à environ 200 km/h. Pour ce qui est des corridors à grande vitesse, on parle de plus de 240 km/h. Les projets de corridors en Californie, en Floride, au Texas et dans l'Illinois sont les plus avancés à l'heure actuelle.

Le plan de relance américain prévoit en outre plus de 7 milliards $ US pour le transport en commun, une enveloppe dont pourrait également profiter Bombardier Transport.

Depuis plusieurs années, Bombardier se sert de ses activités de lobbying à Washington pour tenter de convaincre les élus américains d'augmenter le financement public des projets ferroviaires.

Au cours des dernières décennies, l'entreprise montréalaise a entre autres construit des voitures de métro pour les villes de New York et Chicago, de même que celles du train rapide Acela Express, qui relie Boston, New York, Philadelphie, Baltimore et Washington à une vitesse moyenne de 138 km/h, avec des pointes à plus de 200 km/h.

Bombardier s'est aussi frotté aux obstacles auxquels font face les projets de trains à grande vitesse aux États-Unis: ces dernières années, le constructeur a été sélectionné à deux reprises pour un important corridor en Floride, mais celui-ci a été abandonné coup sur coup. Il faudra voir s'il ressuscitera une troisième fois.

L'action de Bombardier a clôturé à 4,33 $, en hausse de 3,1 pour cent, à la Bourse de Toronto.