Hydro-Québec contribuera aux gigantesques investissements qui seront nécessaires pour électrifier les réseaux de transports collectifs, à commencer par les trains de banlieue de Montréal qui fonctionnent encore au diesel au royaume de l'électricité.

La décision de franchir le pas entre un statut de fournisseur d'électricité et celui d'investisseur a été officialisée dans le plan stratégique rendu public la semaine dernière et qui précise les projets de la société d'État pour les cinq prochaines années.

 

L'électrification des transports publics fait partie de ces projets, mais Hydro y met le pied avec beaucoup de prudence. Hydro-Québec Distribution, qui sera responsable de ces nouvelles initiatives, soumettra tout projet d'investissement à la Régie de l'énergie pour examen et approbation.

Le montant des investissements prévus n'est pas précisé et ne le sera pas avant que des projets concrets soient mis en marche, a fait savoir hier la porte-parole Flavie Côté.

Hydro s'est déjà engagée à débourser quelques centaines de milliers de dollars dans des études préliminaires pour l'implantation d'un trolleybus à Laval et pour l'électrification du réseau de trains de banlieue de l'Association métropolitaine de transport.

L'AMT a déjà entrepris d'électrifier son réseau, mais les investissements nécessaires sont tels qu'elle ne prévoit pas y parvenir avant 15 ou 20 ans, a fait savoir son porte-parole, Pierre-Luc Paquette.

Le réseau de trains de banlieue de l'AMT est long de 217,4 km, dont seulement 30 sont électrifiés. L'électrification de ces 30 km, le tronçon Montréal-Deux-Montagnes, a coûté 300 millions. C'est 10 millions par kilomètre, ou près de 2 milliards pour électrifier le reste du réseau, sans compter son prolongement de 30 km vers l'est, qui devrait être en service à la fin de l'année prochaine.

En réalité, ce sera beaucoup plus que 2 milliards, estime le porte-parole de l'AMT, parce que les travaux de la ligne Deux-Montagnes ont été réalisés il y a presque 15 ans. Il refuse toutefois d'avancer un chiffre. «Les études que nous avons commandées nous le diront», a-t-il dit.

L'AMT dépense 7,2 millions par année en carburant.

La Société de transport de Montréal, pour sa part, dépensera 44,2 millions en carburant cette année. Pour diminuer cette facture et réduire ses émissions de gaz à effet de serre, la STM a mis à l'essai huit autobus à motorisation hybride. L'essai s'est révélé concluant, avec une économie de 30% sur les coûts de carburant, et les hybrides ont été intégrés au parc d'autobus.

Selon François Chamberland, de la STM, les véhicules hybrides seront le passage obligé vers les véhicules tout électriques. «C'est notre objectif ultime (les tout électriques) mais, en raison des problèmes de faible autonomie des batteries existantes, on nous dit qu'il ne faut pas y penser avant 2025, au mieux», a-t-il indiqué.

L'amélioration de l'efficacité des batteries est un autre chantier pour Hydro, mais personne ne peut dire si ses efforts porteront leurs fruits à court terme.

Le transport électrique sous toutes ses formes est maintenant considéré par Hydro comme un secteur d'expansion, que son réseau peut facilement soutenir. «L'électricité peut prendre le relais du pétrole sans grande difficulté, affirme le plan stratégique. La conversion à l'électricité de l'ensemble des automobiles en Amérique du Nord réduirait la consommation d'essence de 70% et n'augmenterait la consommation d'électricité que d'environ 15%.»

Au Québec, si l'on remplaçait 25% du parc automobile actuel par des voitures électriques, soit 1 million de véhicules, la consommation supplémentaire d'électricité serait de moins de 2% des ventes totales d'Hydro.