Avoir un billet d'avion confirmé ne suffit pas pour être certain de monter à bord en cas de survente.

Arriver à l'aéroport bien en avance ne suffit pas non plus.

Pour être certain de monter à bord d'un vol d'Air Canada en situation de survente, il faut avoir présélectionné son siège. Dans le cas d'un vol domestique ou d'un vol transfrontalier, il faut donc avoir choisi un tarif supérieur ou avoir payé de 15 à 22$ supplémentaires pour avoir le droit à la présélection.

«Ceux qui ont la présélection de siège ont un avantage sur ceux qui ne l'ont pas», a indiqué la porte-parole d'Air Canada, Isabelle Arthur.

 

Cette politique a fait bondir l'avocat montréalais Paul Unterberg, spécialisé dans le droit du voyage. «Juridiquement, c'est indéfendable, a-t-il lancé. Air Canada a exactement le même contrat avec tout le monde, même si la tarification peut être différente. Ça ne permet pas de dire que les castes basses restent à terre et que les castes hautes s'envolent.»

Une pratique courante

En soi, la survente est une pratique courante dans l'industrie mondiale. Toutefois, Air Canada est le seul transporteur canadien d'importance à y avoir recours au Canada. WestJet, Air Transat et Porter Airlines n'ont pas recours à cette pratique, même si Porter pourrait envisager cette possibilité «pour certains vols» dans l'avenir.

Mme Arthur a expliqué qu'il y avait toujours un certain pourcentage de passagers qui ne se présentaient pas à l'enregistrement pour prendre le vol qu'ils avaient réservé. Il s'agit surtout de passagers dotés de billets qui permettent des modifications.

Sans survente, un vol qui devait être plein pourrait donc décoller aux trois quarts plein, au grand dam de la société aérienne et des clients qui auraient voulu réserver un siège à bord.

«Les marges de cette industrie ne sont pas énormes, a indiqué Me Unterberg. Si le taux d'occupation est trop bas, les transporteurs font faillite.»

Les sociétés aériennes font donc de savants calculs, à partir de l'expérience des années passées, pour évaluer le pourcentage de passagers qui ne se présenteront pas pour tel vol particulier. Elles peuvent ainsi procéder à une survente équivalente.

Le problème, c'est lorsque les passagers sont plus nombreux que prévu à se présenter à l'enregistrement. C'est la situation qui est survenue à l'aéroport Trudeau il y a un peu plus d'une semaine, tout juste avant le Salon aéronautique du Bourget. Montréal étant une des trois grandes capitales de l'aéronautique du monde, avec Seattle et Toulouse, il y avait beaucoup de passagers pour le vol d'Air Canada à destination de Paris.

Comme quelques autres passagers, John Mannarino, président de la société Mannarino Systèmes&Logiciels Inc., s'est fait refuser une carte d'embarquement même s'il était arrivé plus de deux heures avant le décollage. On lui a expliqué que parce qu'il n'avait pas présélectionné son siège, il fallait qu'il attende la fermeture des enregistrements, une heure avant le décollage, pour savoir s'il était possible de lui trouver un siège.

«Ils ont essayé de me pousser à prendre un vol vers Francfort», s'est insurgé M. Mannarino.

Un tel détour aurait retardé l'arrivée de l'homme d'affaires à Paris. Or, M. Mannarino comptait sur quelques heures de repos à Paris pour se préparer au Bourget: il avait 20 rendez-vous de planifiés en trois jours.

M. Mannarino a finalement pu prendre son vol vers Paris parce qu'il y avait suffisamment de sièges disponibles, mais l'attente a été particulièrement stressante.

Sur le site internet d'Air Canada, on ne mentionne pas que les passagers qui n'ont pas présélectionné leur siège risquent davantage que les autres en cas de survente. On explique qu'en cas de survente, le personnel d'Air Canada demande d'abord des volontaires disposés à céder leur place en échange d'une indemnité «laissée à la discrétion du transporteur».

«S'il n'y a pas assez de volontaires, ce dernier refusera l'embarquement à d'autres passagers suivant un système de priorité qui lui est propre», indique-t-on simplement sur le site.