Bombardier (T.BBD.B)a connu une journée mouvementée aujourd'hui, sans qu'elle puisse véritablement y faire quelque chose : pendant que Boeing et Airbus s'en prenaient à la CSeries à Paris, la ville de Toronto et le gouvernement ontarien pressaient Ottawa de faire sa part pour le financement du contrat des tramways de la Ville reine, un contrat déjà accordé à Bombardier.

Airbus et Boeing, qui ont déjà déclaré publiquement que la CSeries de Bombardier ne représentait pas une menace pour leurs plus petits avions, s'inquiètent maintenant de la classification de l'appareil selon les normes de l'OCDE.

Ces normes, négociées par les gouvernements et présentées dans l'Accord sectoriel sur les crédits à l'exportation d'aéronefs civils, défavoriseraient les deux grands constructeurs, soutiennent-ils.

Le Canada veut inscrire la CSeries (qui comprendra des appareils de 110 à 130 places) dans la catégorie 2 de l'accord, aux côtés d'avions comme l'Airbus A318, le Boeing 737-600 ou la série CRJ de Bombardier.

Mais Airbus et Boeing soutiennent que la CSeries concurrencera plutôt le Airbus A319 et le Boeing 737-700, des avions de catégorie 1.

Or, les règles de financement gouvernemental (généralement sous forme de garanties de prêts aux acheteurs) sont plus souples pour les avions de catégorie 2. Boeing et Airbus considèrent qu'un transporteur pourrait injustement obtenir un meilleur soutien public à l'achat d'un appareil de la CSeries, au détriment d'un A319 ou d'un 737-700.

Le porte-parole de Bombardier Aéronautique, Marc Duchesne, a indiqué que l'entreprise n'allait pas prendre position dans ce dossier, compte tenu qu'il s'agissait de détails techniques négociés par les pays.

Une rencontre de représentants de pays de l'OCDE avait lieu aujourd'hui à Paris, et le Canada devait présenter sa proposition d'inscrire la CSeries dans la catégorie 2. On s'attendait à une contestation des États-Unis et des pays européens.

Un porte-parole du ministère des Finances, Jack Aubry, n'a pas été en mesure de donner plus de détails sur la rencontre. «Tout ce que nous disons, c'est que les discussions sont en cours, et qu'elles sont secrètes», a-t-il dit.

Toronto attend Ottawa

Si on n'en est pas au premier rebondissement dans la mise en place de la CSeries, la saga du contrat des tramways de Toronto se poursuit aussi. Bombardier Transport a déjà été sélectionné pour ce contrat de 1,2 milliard, qui prévoit le remplacement de 204 voitures.

La Ville et le gouvernement provincial ont confirmé aujourd'hui qu'ils allaient débloquer respectivement 355 et 416 millions pour le contrat. Mais le ministre des Transports fédéral, John Baird, refuse toujours d'utiliser une partie des fonds du plan de relance économique sur ce projet.

À la Chambre des Communes, les chefs Michael Ignatieff et Jack Layton ont posé quatre questions au ministre Baird à ce propos.

Ce dernier a répondu que le contrat des tramways n'était pas admissible au plan de relance parce que les nouveaux emplois ne seront pas générés assez rapidement, et qu'une bonne partie d'entre eux ne seraient pas à Toronto, ni même au Canada.

De son côté, le gouvernement ontarien annonçait aujourd'hui que le projet allait créer 5000 emplois directs en Ontario, majoritairement à Thunder Bay.

Il reste qu'il manque encore plus du tiers du financement requis, et la date-butoir imposée par la Toronto Transit Commission (responsable du transport en commun) est le 27 juin.

«On a encore une semaine devant nous, et on va rester optimiste, dit le porte-parole de Bombardier Transport, Talal Zouaoui. Le client a encore du temps pour chercher son financement.»

Nouveau contrat au Brésil

Par ailleurs, un consortium mené par Bombardier Transport a mis la main sur un contrat pour la remise à neuf de 156 wagons de métro à São Paulo, au Brésil. La part du contrat de Bombardier représente une valeur d'environ 136 millions. Comme il s'agit d'un contrat de remise à neuf, la plupart des retombées seront locales.

Le titre de Bombardier a clôturé à 3,35 $ à Toronto, en baisse de 0,02 $.