Bombardier (t.bbd.b) a vu une nouvelle concurrence prendre son envol au salon aéronautique du Bourget.

Le Superjet 100, de la société russe Sukhoi, a accompli son entrée officielle sur la scène internationale alors qu'un prototype aux couleurs de la Russie a fait des vols de démonstration cette semaine.

De son côté, Mitsubishi Aircraft Corporation a fait une mise à jour du programme de développement de son MRJ (Mitsubishi Regional Jet). La société chinoise AVIC 1 n'a pas rencontré la presse pour discuter de son ARJ21, mais elle a quand même fait acte de présence avec un chalet.

Il s'agit là de biréacteurs régionaux qui concurrenceront directement le CRJ900, de Bombardier.

Selon le président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey, il faut prendre cette concurrence au sérieux.

«La pire chose que nous pourrions faire serait de les sous-estimer, a-t-il déclaré en entrevue avec La Presse Affaires. Quand des pays comme la Russie, le Japon ou la Chine soutiennent leur industrie, il faut être soucieux.»

Il a rappelé ce qui s'était passé avec le Brésil et Embraer. «C'était une petite entreprise il y a 25 ou 30 ans. Maintenant, c'est un concurrent formidable qui a de très bons produits.»

Au cours d'une rencontre avec les médias, le président de Sukhoi, Mikhail Pogosyan, a affirmé que le Superjet 100 visait 20% du marché des biréacteurs régionaux.

L'appareil a commencé le salon avec un carnet de commandes pour 98 appareils. Au cours de la semaine, Sukhoi a récolté une commande pour 15 appareils de plus, assortie d'options pour 15 autres, et a confirmé une commande de 24 appareils.

Crise ou pas, M. Pogosyan prévoit terminer l'année avec un carnet de commandes pour 150 appareils.

«J'aime travailler en temps de crise, a-t-il déclaré aux journalistes. Les crises rendent les forts plus forts et les faibles plus faibles.»

La crise est plus problématique pour le MRJ, qui ne peut compter que sur 15 commandes fermes et 10 options de la part du transporteur japonais ANA. Le vice-président aux ventes et au marketing de Mitsubishi Aircraft Corporation, Yosuke Takigawa, a soutenu que l'entreprise visait le tiers du marché, soit 1000 appareils au cours des 10 prochaines années.

«Il y a beaucoup d'attention portée à cet appareil», a-t-il affirmé, admettant toutefois que dans le climat actuel, «il y a une rareté de clients».

Il a toutefois soutenu qu'il n'était pas inquiet.

«S'il n'y a pas plus de commandes, je perds mon job», a-t-il lancé, pince-sans-rire.

Diapositives à l'appui, il a voulu montrer que le MRJ était plus vert que ses concurrents actuels, le CRJ900 et l'Embraer 190, tant pour les émissions que pour le bruit. Il a également fait valoir que l'appareil japonais sera plus large que ces deux concurrents, ce qui le rendra plus confortable.

Le MRJ ne devrait cependant faire son premier vol qu'en 2011, alors que le Superjet 100 devrait déjà être en service.

Il y aura donc bien du monde sur le marché de l'aviation régionale au début de la prochaine décennie. Or, la firme américaine The Teal Group a prévu que le marché de l'aviation régionale chutera de 8% au cours des 10 prochaines années.

«Le Superjet va se trouver un créneau, mais il y a de bonnes raisons de croire que les deux autres (le MRJ et l'ARJ) devront se limiter à une présence marginale sur le marché», a déclaré le vice-président de Teal Group, Richard Aboulafia.