Bombardier Transport est en train de prendre sa revanche à Toronto. L'entreprise montréalaise est en voie de décrocher un important contrat de 1,22 milliard de dollars pour la fabrication de 204 tramways.

Le contrat comprendra des options pour 400 tramways supplémentaires, ce qui pourrait faire passer sa valeur totale à plus de 3 milliards.

 

Bombardier avait participé à un premier processus d'appel d'offres en 2008, mais la Toronto Transit Commission (TTC) avait rejeté sa soumission parce qu'elle estimait que celle-ci ne respectait pas les critères techniques. Le président de la TTC, Adam Giambrone, avait notamment soutenu que les tramways de Bombardier risquaient de dérailler en négociant les virages serrés du réseau de Toronto.

La TTC avait décidé de reprendre le processus parce que la seule autre soumission, présentée par la petite entreprise britannique TRAM Power, n'était pas plus acceptable à ses yeux.

Hier, le personnel de la TTC a recommandé à la commission de choisir la nouvelle soumission de Bombardier parce qu'elle était moins élevée que celle du seul autre soumissionnaire, l'entreprise allemande Siemens. Les commissaires prendront une décision au cours de leur rencontre de lundi prochain.

«C'est une très bonne nouvelle, a commenté le porte-parole de Bombardier Transport, Talal Zouaoui. C'est une première étape dans un processus qui est un petit peu plus long, mais l'annonce d'aujourd'hui nous fait chaud au coeur.»

M. Giambrone a indiqué hier que la TTC adoptera probablement la recommandation de son personnel.

«J'appuie cette recommandation et lorsque nous avons discuté avec les commissaires aujourd'hui par téléconférence, la réaction était en général très encourageante», a-t-il déclaré à La Presse Affaires.

Une fois que la TTC aura pris une décision finale, il faudra encore qu'elle obtienne le financement nécessaire pour attribuer le contrat. La Ville de Toronto s'est engagée à assumer le tiers de la facture, mais le gouvernement fédéral et le gouvernement ontarien n'ont pas encore pris d'engagement ferme.

«Nous avons déjà entamé des discussions avec les deux ordres de gouvernements, a noté M. Giambrone. C'est très encourageant, surtout du côté du gouvernement ontarien. Le premier ministre Dalton McGuinty s'est montré très intéressé.»

Il a précisé que le financement devra être finalisé avant le 27 juin prochain.

Le président de la section locale 1075 des Travailleurs canadiens de l'automobile, Paul Pugh, s'est montré confiant.

«Avec toutes les initiatives qui sont adoptées pour stimuler l'économie, je pense qu'il y aura des fonds disponibles pour les infrastructures», a-t-il déclaré au cours d'un entretien téléphonique avec La Presse Affaires.

La section locale 1075 représente environ 500 des 750 employés de Bombardier Transport à Thunder Bay, l'usine qui devrait effectuer l'assemblage des tramways, et peut-être même faire des travaux supplémentaires.

«C'est une excellente nouvelle pour l'usine, parce cela va assurer du travail pour plusieurs années, a déclaré M. Pugh. Cela va également permettre d'aller chercher d'autres contrats, parce qu'avec les économies d'échelle, il sera possible d'offrir de meilleurs prix aux clients potentiels.»

Il a ajouté qu'il s'agissait également d'une excellente nouvelle pour la région de Thunder Bay.

«Avec le désarroi qui règne dans la foresterie, il n'y a pas grand-chose qui se passe à Thunder Bay, à part quelques bureaux gouvernementaux et un peu de tourisme», a-t-il déploré.

La TTC avait demandé à ce que les manufacturiers garantissent un contenu canadien d'au moins 25%. Le personnel de la commission a noté dans son rapport que si on avait exigé un contenu supérieur, la TTC aurait pu se retrouver avec un seul soumissionnaire.

M. Giambrone a déclaré hier que la TTC et le gouvernement ontarien allaient maintenant entamer des discussions avec Bombardier afin de rehausser ce pourcentage, possiblement jusqu'à 50%. Bombardier n'y voit pas d'inconvénients.

«Ça permettrait d'effectuer plus de travail au Canada», a déclaré M. Zouaoui.

Il n'a cependant pas voulu préciser où seront effectués les différents travaux, indiquant seulement que l'usine de Thunder Bay «jouera un rôle important».

L'analyste Chris Murray, des Marchés mondiaux CIBC, a affirmé que le contrat de la TTC constituait un bon exemple des contrats que devrait remporter Bombardier dans un avenir rapproché.

«Nous nous attendons à ce que l'entreprise capture une bonne partie des appels d'offres présentement en cours dans le monde en raison de sa présence dominante sur le marché et sa gamme de produits, écrit M. Murray. Le transport en commun continuera à être un marché en croissance pendant les années à venir compte tenu des préoccupations environnementales, du besoin de remplacer du matériel vieillissant comme à Toronto et de la tendance à l'urbanisation.»

L'action de catégorie B de Bombardier a grimpé de 4,6% pour clôturer à 3,64$ hier à la Bourse de Toronto.