Les travailleurs syndiqués de Bombardier (T.BBD.B) à Montréal ne perdent pas espoir même si 831 d'entre eux verront leur routine cassée par un manque de travail ces prochains mois.

«Si l'on peut porter un regard positif, si nous traversons 2009 de manière contrôlée, les travailleurs vont revenir rapidement dans les usines, indique Yvon Paiement, président de la section locale 712 de l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale.«Si le marché peut reprendre un peu de vigueur, nous repartirons en grande, affirme-t-il. Il y a un élan d'optimisme pour 2010.»

Le dirigeant syndical fonde son espoir sur les commandes d'avions CSeries qui ont commencé à s'inscrire au carnet de Bombardier. Rappelons que le transporteur allemand Lufthansa prévoit d'en acheter au moins 30 et que Lease Corporation International Group a signalé son intention d'en acquérir un minimum de 20.

«Dans la première vague de compressions, annoncée en février, j'ai rencontré les travailleurs pour leur faire savoir qu'il y avait de l'optimisme pour ces avions et ça a débloqué, rappelle M. Paiement. Je me dis: gardons le moral et espérons que les mesures seront aussi temporaires que possible. C'est clair que nos gens travailleront sur ce projet-là. Il faut seulement que le ralentissement économique ne dure pas trop longtemps.»

Cependant, l'heure n'est pas à la fête car les syndiqués voient les effets de la récession sur le terrain depuis des semaines.

«L'avenir est prometteur mais l'année 2009 est difficile à traverser, souligne M. Paiement. Nous ne vendons pas d'avions. Environ 20 à 30 sont stationnés à l'usine de Dorval. Les travailleurs le voient. Ce n'est pas une surprise énorme de voir des mises à pied aujourd'hui car peu de facteurs nous favorisent à l'échelle mondiale.»

«C'est vraiment en aviation d'affaires que nous y goûtons, poursuit le syndicaliste. Nous avons eu plusieurs réunions, ces dernières semaines, où l'employeur nous donnait un compte-rendu de la situation. Des clients ont repoussé leurs commandes, certains les ont annulées ou ont évité de les passer.»

Yvon Paiement résiste à la tentation de faire preuve d'amertume en voyant l'annonce de profits en hausse de 42% au quatrième trimestre a été faite en même temps que celle des mises à pied.

«Il faut se mettre dans le contexte, soutient-t-il. Les chiffres sont intéressants mais nous ne vendons pas d'avions. Du côté syndical, nous demandons toujours à Bombardier de bien faire ses calculs et de faire preuve de modération.»