Après les bonnes nouvelles, les mauvaises.

Lundi, Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] a annoncé une commande additionnelle pour la CSeries. Ce matin, elle pourrait profiter de la divulgation de ses résultats annuels pour annoncer de nouvelles mises à pied.

«Nous nous attendons à ce que Bombardier réduise encore davantage la cadence de production de ses biréacteurs d'affaires cette année parce que les éléments qui sous-tendent la demande se sont détériorés encore davantage depuis le début de l'année», indique l'analyste Fadi Chamoun, de la firme UBS, dans un rapport d'analyse.

 

C'est également l'avis de Chris Murray, de Marchés mondiaux CIBC, et de David Newman, de la Financière Banque Nationale.

«Avec la récession, une diminution continue des bénéfices des sociétés et un accès difficile au crédit, nous nous attendons à un déclin des commandes, en plus des reports de livraisons et des annulations, écrit M. Newman. Nous prévoyons que les livraisons d'avions d'affaires de Bombardier diminueront de 31% au cours des deux prochaines années en dépit d'un carnet de commandes bien garni. Nous nous attendons à ce que Bombardier diminue ses cibles de production une nouvelle fois.»

Craintes et rumeurs

À l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA-FTQ), on s'inquiète au sujet de nouvelles mises à pied.

«Depuis quelques semaines, il y a des craintes, il y a des rumeurs, a déclaré le président de la section locale 712 de l'AIMTA, Yvon Paiement, dans un entretien téléphonique avec La Presse Affaires. À l'extérieur du Plant 3, il y a quelques avions d'affaires parqués dehors, a commenté M. Paiement. Ça inquiète toujours les gens.»

L'annonce d'une commande supplémentaire de 1,4 milliard US pour la CSeries lundi a évidemment encouragé les syndiqués.

«Le processus de la CSeries suit son cours, mais pour l'instant, ce sont nos fameux clients qui repoussent, qui annulent des commandes qui font le plus mal», a déclaré M. Paiement.

Le 5 février dernier, Bombardier a fait savoir qu'elle prévoyait livrer 10% de moins d'avions d'affaires en 2009-2010 qu'au cours de l'exercice précédent. L'entreprise a ajouté qu'elle devrait livrer environ 10% de plus d'avions commerciaux, grâce surtout à la grande popularité de l'avion turbopropulsé Q400.

La réduction de la cadence de production des avions d'affaires, surtout des appareils Learjet et Challenger, devait entraîner 1360 mises à pied, dont 710 à Montréal.

Les analystes avaient immédiatement affirmé qu'il faudrait possiblement procéder à d'autres réductions de la cadence de production.

«Le marché estime que les cibles de la direction de Bombardier sont trop optimistes, compte tenu de la faiblesse des commandes, a écrit Benoît Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins. Bombardier a enregistré moins de commandes nettes au quatrième trimestre que Gulftstream ou Cessna.»

Au début de mars, Gulfstream a diminué une nouvelle fois ses cibles de livraison pour 2009, ce qui a amené les analystes à revoir leurs prévisions pour Bombardier. C'est ainsi que Chris Murray, de Marchés mondiaux CIBC, estime maintenant que les livraisons d'avions d'affaires de Bombardier chuteront de 29,3% cette année.

Cela dit, les analystes considèrent favorablement l'action de Bombardier: sur 17 analystes sondés par Bloomberg, 12 recommandent l'achat du titre et quatre conseillent de le conserver. Un seul recommande la vente.

Fadi Chamoun, de la firme UBS, croit que l'entreprise pourra passer au travers la tempête dans l'aviation d'affaires grâce à la solidité de son bilan et à la robustesse de sa filiale ferroviaire.

«Les grands investissements prévus dans le domaine des transports sont prometteurs pour Bombardier Transport», écrit David Newman, de la Financière Banque Nationale.

L'action de catégorie B de l'entreprise a gagné 10 cents pour clôturer à 3,04$ hier à la Bourse de Toronto, un gain de plus de 3%. Les analystes s'attendent à un bénéfice par action de 14 cents au quatrième trimestre de l'exercice 2009-2010.

Par ailleurs, le transporteur régional Atlantic Southeast Airlines a cloué au sol hier 60 biréacteurs régionaux CRJ200 de Bombardier, soit 40% de sa flotte. Une enquête interne a soulevé des questions au sujet de l'inspection des moteurs de ces appareils, qui n'aurait peut-être pas été effectuée selon les recommandations du motoriste. L'inspection devrait prendre de 36 à 42 heures.